❝ peindre ton regard,
ootd ✧ ft. @bae keonhee,

Son regard s’éternise quelques secondes de plus vers l’écran de son téléphone, adresse enregistrée elle espère atteindre facilement ce petit studio qu’on lui a de nombreuses fois recommandé. Exposition bientôt prévue, elle s’est rapidement trouvée avec le numéro de l’artiste entre les mains après s’être extasiée devant une de ses œuvres dans une galerie concurrente, et s’est promis de mettre en avant un de ses tableaux qui lui parle tant - l’art, c’est toute sa vie, et elle imagine rapidement que c’est également la sienne à travers leurs échanges. Alors elle ne traîne pas des pieds lorsque l’heure du rendez-vous approche, impatience de connaître un peu plus le monde de cet homme qu’elle ne connaît qu’à travers un unique portrait qui a déjà eu, à cet instant, toute son attention. Lorsqu’elle arrive dans les rues artistiques de Yecheon, elle se gare et remet sa veste correctement, tentant de ne pas paraître désinvolte aux premiers regards - pourtant elle s’étonne de comprendre que ce n’est pas la première fois que leurs yeux se croisent lorsqu’on lui ouvre la porte. Ses joues, traître, s’empourpre alors immédiatement tandis qu’elle s’éprend de plusieurs émotions contradictoires : de la surprise étonnante à la joie troublante. Keon. Son esprit lui murmure son nom encore quatre ou cinq fois jusqu’à ce qu’elle s’insulte mentalement… Bae. Evidemment. Elle recule machinalement, présente tout de même sa main, politesse exigée lorsqu’elle fait affaire avec les artistes, peu importe s’ils ont un semblant d'amitié grâce à une amie commune. « I had no idea… » qu’elle murmure presque à elle-même. Son sourire n’est pas très loin pourtant, mais il se fait toujours timide devant lui. « Alors ton nom est Bae ? » Son regard rencontre le sien. « Do you still want to show me ? The paintings. » demande-t-elle finalement - parce qu’il semble toujours loin d’elle.

❝ peindre ton regard,
ootd ✧ ft. @jung dalnim,

Ses meilleurs portraits exposés près de l’entrée, il attend que la responsable de la galerie qui l’a contactée se montre. Il sait pas exactement quels genres de tableaux elle veut exposer, et lesquels de lui l’intéresse. Il se doute que ce sera pas les nus, donc il les a rassemblé dans un coin plus vers le fond de l’atelier, où il est le seul à aller en général. Lorsque ça sonne à la porte, il observe une dernière fois la façon dont les tableaux sont exposés, fait attention à ce qu’ils soient tous visibles du premier coup d'œil, sans pour autant prendre de la place l’un sur l’autre. Chaque toile a sa propre essence, et il est important qu’elles soient séparées tout en formant un ensemble agréable pour l'œil, qu’il soit averti ou non. Lorsqu’il ouvre la porte, il a pas besoin de voir son visage pour comprendre qui est devant lui. Il a juste à voir ses mollets. Il a juste à respirer l’air qu’elle respire. Il a juste à sentir sa présence pour comprendre qui se tient devant lui. Il laisse rien paraître alors qu’il relève finalement la tête vers elle avec un léger sourire parfaitement professionnel aux lèvres. Elle a l’air surprise. C’est pas étonnant. S’il ne savait pas que c’était elle derrière les SMS, c’était probablement réciproque.
Elle prend la parole en premier. Il hoche juste la tête à sa question, toujours avec ce sourire professionel. Garder ses distances, elle est là pour voir ses peintures, pour une exposition, et il doit garder ça en tête. Cette fois-ci, il peut pas lui lancer qu’il a un rendez-vous professionnel pour échapper à une conversation. Cette fois-ci, c’est elle, le rendez-vous professionnel.
Au lieu de lui répondre avec des mots, mutisme rassurant, il se décale et lui montre les portraits présentés désormais pile face à elle, dans la salle principale. Ils forment un chemin dans lequel elle peut se balader pour observer, et choisir, les toiles qu’elle préfère. “Je me suis dit que vous étiez intéressée par mes portraits, et pas par mes nus, donc c’est ceux que j’ai sorti. Mais je peux aller chercher les autres à votre demande.” Vouvoiement qu’il met en place. Distance. Professionnel. Surtout lorsqu’il se rend compte que sa seule présence lui fait battre le coeur un peu plus vite, un peu moins régulièrement, et que ses yeux semblent, bien malgré lui, ne trouver d’autres choses à observer que son corps alors qu’elle se tient devant lui.

❝ peindre ton regard,
ootd ✧ ft. @bae keonhee,

Envahie de ce sentiment de honte dont elle à un peu trop l’habitude dernièrement - ça surprend toujours autant, pourtant. Elle range sa main, feignant l’impassibilité de son expression la plus naturelle possible. Comment arrive-t-elle encore à sourire ? Il la vouvoie comme s’ils n’étaient rien de plus que de simples collaborateurs : elle est la seule à croire en cette amitié. La seule à croire qu’ils s’entendent bien, à faire en sorte qu’ils discutent un peu plus à chaque fois qu’ils se croisent, qui tente d’être accueillante avec lui alors qu’il entre tout juste dans la bande de son enfance - et elle est là, à se prendre en pleine poire la triste réalité. Dalnim a toujours été la seule. Parce qu’il n’y a jamais eu d’eux dans cette équation. Reine de l’imagination, elle comprend mieux que jamais, à cet instant précis lorsqu’elle entre dans ce studio, où elle n’a jamais été la bienvenue auparavant, alors qu’elle en soumettait son envie de découvertes, qu’ils ne sont rien de plus que deux connaissances superficielles grâce à une amie commune. Sa poitrine se serre. Son regard s’étend vers le sol, à peine quelques secondes, le temps qu’elle se ressaisisse et retrouve son côté professionnelle - épaules redressées, elle contemple silencieusement la première œuvre. « C’est une nu que j’ai vu la première fois, dans une galerie située dans un autre coin de la ville. » Son regard ne se détache pas de la peinture. C’est beau. Comme lui. Cette fois son sourire est sincère - l’émotion est réelle. « Mais en effet, je suis à la recherche de divers portraits. » Sa tremble voix tremble légèrement lorsqu’elle s’approche de lui et lui tend un prospectus. « Dans quelques semaines, j’aimerais mettre en place une exposition intitulée : ne m'oubliez pas, qui met en évidence la beauté humaine qui se cache en chacun de nous. » Elle se projette déjà loin, s’imagine les expressions de ses invités, âmes curieuses de l’art d’aujourd’hui. Imagine, oui, les divers débats et questions qui découleront de ces quelques textes qu’elle mettra également en avant, décrivant d’autres portraits, cette fois sous forme d'écrits. Et ça lui plaît, la conforte dans son choix lorsqu’elle contemple les œuvres du peintre. « Avez-vous fait la peinture d’une femme ou d’un homme à la campagne ? En forêt ou à la montagne ? Nous avons particulièrement un intérêt envers ce genre de tableau. » Vouvoiement mutuelle - pourquoi est-ce douloureux à ce point ? Peu importe, elle se reprend. Il s’agit de faire connaître aux gens ce qu’ils oublient facilement, et sachant les amateurs d’arts qui entrent dans sa galerie, elle porte une attention évidente vers ce que les gens de la ville ne savent pas déjà. Alors elle parcourt le studio, pénètre dans le monde de Keonhee, se sentant parfois mal à l’aise à cette idée - lui qui s’est longtemps cherché prétexte afin qu’elle ne regarde pas, elle se trouve dans son antre secrète, chavirant à cette simple idée.