Parfois, ça lui manque.

C’est une chose de ne pas y penser, en vivant sur les canapés d’anciens et de nouveaux amis, en se frayant une place dans une ruelle sous un parapluie ou dans sa tente. S’en est une autre que d’être confronté à tout ce qu’il n’a plus. Tout ce qu’il avait, fût un temps. Doyoung laisse son regard s’attarder sur les murs en marbre, les tableaux d’artistes peintres reconnus. Même le lampadaire qui éclaire la pièce dans laquelle il se trouve, un grand salon donnant sur une cuisine ouverte, coûte certainement plus cher que le bâtiment où il dort actuellement. Le confort de la fortune.

Pourtant il n’est pas mal à l’aise. Enfin, si. Mais ce n’est pas le lieu qui le met dans un tel état, plutôt le couple à côté de lui sur le canapé qui devrait sérieusement envisager de se diriger vers une des nombreuses chambres. Ce n’est pas un ami à lui qui a organisé cette soirée, mais l’ami de l’ami d’un ami. Doyoung a passé la première heure à s’assurer qu’il n’y avait personne qui le connaît, ou Sihyeon, avant d’enfin profiter de son premier verre. C’est gratuit mais il ne touche pas à l’alcool. Il ne s’est pas enfuit de toutes ses responsabilités à cause d’une addiction, mais il a l’impression que l’alcool ne fait qu’empirer ses sauts d’humeurs. Sa mélancolie perpétuelle. Alors il s’interdit formellement d’y toucher. Pourtant l’envie y est. Il pourrait, boire quelques verres d’alcool, passer la nuit avec quelqu’un, dormir dans un lit bien confortable. Mais le simple fait d’y penser lui donne la nausée. Il n’a pas envie, plus envie de jouer ce rôle-là.

Pourquoi s’obstine-t-il à encore venir dans de tels endroits ? Entre de tels gens, qui finalement ne lui accorderaient pas une minute de leur temps s’ils savaient qu’il n’est pas l’hériter de, mais simple gars qui traîne dans la rue. Soudainement agacé, il finit par se lever et s’éloigner du salon. Il n’est pas seulement venu ici pour profiter des lieux, de la chaleur d’un intérieur ou du buffet et de la boisson à volonté. Il est aussi venu parce qu’il lui suffit de voler un petit quelque chose, rien de bien grand, pour pouvoir subvenir à ses besoins dans le mois qui vient. C’est fou comme il fût un temps où il ne se rendait pas compte de ces choses-là.

Tout ce qu’il a à faire, c’est attrapé un truc, ni vu ni connu, dans une des chambres, la bibliothèque, le bureau ou même le couloir sans que personne ne s’aperçoive de rien. Glisser ce qu’il attrape dans l’énorme poche de son sweat-shirt et disparaître dans la nuit. C’est la seule chose qui le démarque, il est sans doute l’invité le plus mal sapé de la soirée, même s’il se traîne avec un sweat de marque. Rien de quoi se faire remarquer, mais rien non plus qui attire le regard des gens sur lui. Verre en main, il traverse le couloir, faisant semblant de chercher quelqu’un. Il y a quand même un peu de monde, suffisamment pour qu’il bouscule quelqu’un alors qu’il se faufile entre deux autres personnes.

« Fait chi... désolé ! »

Qu’il se rattrape en dernière minute, pour pas être totalement vulgaire. Sauf que voilà, au lieu de continuer sa route, il cherche à s’assurer qu’il n’a pas renversé ce qu’il restait de son verre de soda sur la personne qu’il a bousculé. Mais quand les regards se croisent, tout semble s’arrêter autour de lui. Son cœur bat si fort, en l’espace d’une fraction de seconde, qu’il pourrait bien s’arrêter. Car devant lui n’est pas un étranger, ni même une ancienne connaissance qu’il croiserait malencontreusement ici. Non, c’est pire.

Sihyeon.

Et à peine reconnaît-il son jumeau qu’il opte pour la fuite, se détournant rapidement de lui en espérant que ce dernier n'a pas eu le temps de le reconnaître. Il n’est pas prêt, il n’est pas prêt et sa gorge se noue alors qu’il abandonne toute délicatesse pour pousser les gens hors de son chemin, ouvrant la première porte d’une pièce pour s’y faufiler et s’il faut, se cacher dans une armoire. Ça ne peut pas arriver, pas maintenant.

outfit ~ Sihyeon a une soirée sans Noah et surtout sans Charlie, la plus grande fêtarde qu'il connaisse, s'était quelque chose. L'étudiant n'était pas franchement super social, les soirées quelles qu'elles soient s'étaient vraiment pas son truc. Si il était là ce soir, avec tous ces gens dignes du porte-monnaie de son père s'était uniquement pour voir l'architecture de cet appartement. Zéro blague. Un de ses mates en classe était absolument fan d'un architecte qui avait fait bien des bâtiments dans la région. Et grâce à papa Sihyeon et son camarade de classes avaient réussi à se faire officiellement invité. Rapidement pour faire bonne figure, plus concrètement pour photographier et gribouiller sur une feuille toute les petites subtilités de cette demeure.

Ils s'attardèrent quelque instant sur le buffet en sirotant un verre de soda par respect avant de faire mine de s'éclipser quelques instants mais surtout pour partir à la découverte de l'architecture. Si, son appareil photo en main s'attardait sur le moindre petit détail pour récolter un maximum d'inspiration. Le but n'était jamais de copier mais de se renseigner sur ce qu'il se faisait et pourquoi pas s'inspirer à faire quelque chose d'un peu plus à sa sauce. Il était concentré dans ses clichés quand on le bouscula soudainement. Il manqua presque de lâcher son appareil photo mais il le lâcha réellement quand il reconnu la personne face à lui. Son frère. Son jumeau. Doyoung, en chair et en os. Il cligna une fois des yeux que celui-ci avait disparu. Il était en état de choc, tellement qu'il ne réussit pas à faire quoique ce soit avant au moins une dizaine de secondes. Dans sa tête c'était chaotique, dans un sens il était persuadé que Do n'aurait jamais pu mourir simplement ainsi et dans l'autre... tout le faisait penser. Et le voir ici quelque seconde, ça le faisait complètement délirer. Il ramassa en un éclair son appareil qui semblait avoir divorcé de son objectif dans sa chute et se mit à courir dans la direction qu'il pensait être celle que Doyoung avait pris.

Son cœur battait à cent à l'heure, l'entrée de l'appartement était "bouchée" pas une arrivée d'un petit groupe de personnes alors il supposa qu'il n'avait pas pu sortir et qu'il était encore dans l'appartement. Sihyeon fit toutes les pièces de l'appartement une à une bousculant les invités au passage. Il devait paraître fou à chercher si désespérément mais rien n'y faisait. Do semblait avoir disparu... pour autant qu'il ait bien vu ? Il rentra une énième fois dans une pièce qu'il avait déjà visité à bout de souffle dans laquelle il s'enferma. Ca l'avait épuisé physiquement et mentalement, il n'était pas en état de retourner à la soirée. Il se laissa glisser le long de la porte, le regard vague, il reprenait sa respiration avant de réaliser qu'il avait sûrement rêvé. Qu'une énième fois il avait cru voir son jumeau, son cerveau lui avait de nouveau joué des tours. Ce n'était pas rare qu'il lui donnait l'illusion de voir Doyoung mais ça n'avait jamais été aussi réelle. Et ça lui brisa le cœur. Littéralement, il éclata en sanglot. De ceux qu'il avait libéré peu de temps après le soit disant décès de son jumeau. Des larmes douloureuses, de celles qui ne soulagent pas mais qui ne font qu'exprimer un manque toujours présent, un être qui manque cruellement et qu'on peine à vivre sans. Savoir que son jumeau était mort, envolé, c'est sentir une partie de soi-même partir avec lui. Sihyeon vivait plus qu'avec une moitié de lui-même depuis un an et même si il n'en parle jamais, qu'il renie complètement l'évidence, il en souffre. Il en crève de son absence et l'illusion d'aujourd'hui n'avait rien pour aider.

TW ; légère crise de panique

Une fois la porte refermée derrière lui, Doyoung fonce tout droit sur l’une des armoires. Il ouvre la porte et rentre dans la penderie, s’asseyant au fond de celle-ci. Il a besoin de plus d’une minute pour se calmer, sentant de loin arriver une crise de panique et faisant ce qu’il faut pour l’éviter. Inspirer profondément, expirer lentement. Compter de zéro à dix, de dix à zéro. Il n’entend déjà plus les battements frénétiques de son cœur, bien que ses mains tremblent encore.

Comment cela peut-il avoir lieu ? Ce n’est pas possible. Ça ne peut pas, pas maintenant, pas là. Il est sensé reprendre sa vie en main, il est sensé trouver un juste milieu entre tout ce qui ne va pas chez lui et la vie qu’il a abandonné. La vie qu’il a. Ce qu’il a envie d’avoir, ou pas. Et les larmes lui montent aux yeux mais il se refuse de les laisser couler. Ce n’est pas juste. Il est à l’abris, entre les robes et les longs gilets de la propriétaire de cette chambre.

Du moins c’est ce qu’il croit.

Il a la tête dans le brouillard, mais la peur au ventre lui permet de rester atrocement attentif. Il entend la porte de la chambre s’ouvrir, les voix des invités soudainement plus invasives. Il se tend complètement, fixant la porte glissante de la penderie et retenant sa respiration. Quand la porte se referme, il attend une bonne minute avant d’ouvrir un peu plus la porte glissante. Personne. Il n’y a personne. Son soupir soulagé résonne presque dans la pièce, pendant quelques secondes, il envisage de quitter sa cachette, peu confortable, mais la peur l’oblige à y rester. Il va y rester jusqu’à la fin de la soirée, jusqu’au lendemain si on ne l’en déloge pas. Il ne peut pas sortir. Même s’il le voulait, physiquement ses jambes sont en coton en ce moment. Alors il referme lentement la porte glissante, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’ouverte sur un ou deux centimètres et il appuie sa tête contre la paroi arrière de l’armoire, fermant les yeux.

Des minutes passent. Peut-être moins, peut-être plus, il a énormément de mal à se situer. Il pense à Sihyeon, pense à ce que ce dernier pourrait croire. Avoir croisé un sosie ? Tout le monde en a, non ? Avoir vu un fantôme ? Et si... et s’il pensait devenir fou ? Ça met Doyoung mal à l’aise. Très, trop. Il sait ce que c’est, de penser être fou, c’est loin d’être agréable. Mais malgré tout, il ne bouge pas. Non, jusqu’à ce que la porte de la chambre ne s’ouvre à nouveau, il n’avait pas l’intention de bouger.

Cette fois-ci, quand la porte se referme il entend quelqu’un dans la pièce. Et par précaution, il ne respire plus de peur que l’autre pourrait l’entendre. Peut-être un invité saoul, ou la propriétaire des lieux qui est venue se coucher. Par pitié pas un couple qui s’est éclipsé dans la première chambre à leur disposition. Mais ce n’est rien de tout ça, c’est pire.

Parce que dès qu’il entend le premier sanglot, il sait qui se trouve à quelques mètres seulement de lui.

Et s’il pensait que son cœur s’était déjà brisé en mille morceaux, c’est qu’il se trompait.

Ses poings se serrent, il inspire difficilement en entendant son jumeau s’effondrer de la sorte. Il doit mordre sur sa lèvre inférieure pour ne pas se mettre à sangloter lui aussi, parce que les larmes coulent et il n’a pas la force de les balayer de ses joues avec ses manches. Et il devrait être plus fort. Il devrait être bien des choses en cet instant. Toutes ces choses qu’il n’est pas. Savoir que son jumeau l’a pleuré tout comme lui, l’a pleuré, c’est une chose. L’entendre ?

Doyoung ne peut pas, c’est plus fort que lui.

Et c’est surtout instinctif. Au troisième sanglot, il se mets en mouvement. Glisse la porte de la penderie jusqu’à ce qu’elle soit ouverte, sort de la en titubant parce qu’il a une légère crampe d’avoir été recroquevillé là. Et en trois grands pas, il se retrouve devant Sihyeon, qui s’est laissé glisser le long de la porte pour finir assis là. Il n’arrivait déjà pas à retenir ses larmes en l’entendant, mais le voir si dévasté ne fait qu’empirer son propre état. Il s’accroupit devant son frère, mais il n’hésite pas, plus, peu importe.

« Si ? »

Il ne sait pas, il ne sait vraiment pas s’il ne va pas se faire repousser ou si la colère va vite reprendre le dessus. Parce que son jumeau a le droit à être en colère. Mais Doyoung attrape son frère et l’attire vers lui, le serrant fort dans ses bras.

« Je suis désolé, Sihyeon, je suis désolé. »

C’est une très mauvaise idée, il le sait.

Il n’aurait pas dû quitter cette armoire.

outfit ~Sihyeon passa d'interminable minutes à courir après le fantôme de son frère. Persuadé de ne pas l'avoir imaginé, il le devient de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe sans qu'il ne retrouve sa trace. Son cerveau avait de nouveau fait des siennes, lui faisant croire qu'il le voyait. S'était probablement une personne lambda, qui peut-être ressemblait à Doyoung et qui l'avait bousculé. Suffisamment, pour que son cerveau lui fasse croire que c'était le cas. Ca lui arrivait bien trop souvent ses derniers temps. Il faut croire que le manque de son jumeau le rendait fou.

Quand il entra une énième fois dans cette chambre, il eut un dernier espoir de le voir avant de s'avouer vaincu et d'accepter le fait qu'il avait halluciné. Encore. Ca l'avait épuisé et il s'effondra littéralement au sol contre la porte. Sihyeon pleurait très très rarement. Il est sentimental mais toujours positif, il en faut beaucoup pour lui niquer le moral. Un décès par exemple et encore. Ca lui a pris un mois de mutisme et d'absence complet avant de réellement craquer et de pleurer la disparition de son frère. Ce soir, il avait juste l'impression de revenir un an en arrière, de réaliser que oui. Il est bien seul. Qu'il soit réellement mort ou évaporer son frère à simplement décider de partir... sans lui.

Un énième fois sa tête lui joua des tours et il entendit même sa voix. Crétin de cerveau, il abuse. Il le voyait clairement devant lui, Doyoung. Do. Il était le miroir de lui-même. En peine, les yeux débordants de larmes. Si, ne se fera pas berner cette fois-ci, il se tapa fortement le crâne, essayant de répartir ses neurones un peu plus convenablement, convaincu que sa tête le fait à nouveau délirer. « Qu'est-ce qu'il te prend bordel ? Arrête de délirer Sihyeon... », entre de hoquet de sanglot, il ferma les yeux et secoua fort la tête. Mais l'image de Doyoung ne se dissipa pas au contraire... elle le prit dans ses bras et le serra fort. Et il le senti. Si, senti le cœur de son frère battre contre le sien. Poitrine contre poitrine, y avait un truc qui résonnait. Comme une aura enfin à nouveau complète. Et il comprit, c'est ainsi qu'il sut que c'était bien son frère. Il ne croyait ni ses yeux qui le voyaient ni ses mains qui pouvaient le toucher mais son cœur. Parce qu'il sentait à nouveau ce lien de connexion inexplicable qu'il y a entre deux jumeaux. Ses pleures redoublèrent mais c'était plutôt du soulagement à présent. Un drôle de mélange entre joie, soulagement mais aussi de la colère et de la crainte de le voir encore disparaître. « Je savais... je savais que tu n'aurais jamais fait ça sans m'en parler... tu ne pouvais pas mourir comme ça. », il se recula un peu pour le voir. C'était le chao dans ses émotions mais il était fidèle à lui-même et il lui décrocha un sourire heureux. La tristesse, la colère, l'inquiétude tout ça viendrait plus tard. C'était sûr que Si n'allait pas le rater mais pour le moment, il était juste heureux de le retrouver et de le savoir en vie.

TW ; mentions pensées suicidaires

Il est mal.

Pas seulement parce que cette situation merdique va lui coûter en quelques minutes seulement plus d’une année d’efforts, mais aussi parce qu’il est mal, là, au fond de lui. Son cœur bat la chamade, ses pensées se bousculent. Il tient Sihyeon dans ses bras et le serre un peu plus fort quand ce dernier ne semble pas vouloir comprendre. Il ne peut pas lui en vouloir. C’est vraiment nul, ce qu’il a fait. Et il pourrait mettre ça sur ce trouble de l’humeur, cette imprévisibilité caractéristique. Et ça aurait été quoi, s’il était revenu quand c’était passé ? Que ses parents avaient déjà fait croire à sa mort, comme il l’avait demandé dans sa lettre ?

Ils l’auraient peut-être interné.

Et peut-être que ses parents le croient mort.

Il n’en sait rien.

Tout est de sa faute, la colère que son jumeau ressentira tôt ou tard, il la mérite, il le sait.

Ça n’empêche pas qu’il est mal, très, très mal. Davantage quand Si s’écarte un peu de lui, mais il reste à bout de bras. Si c’est parce qu’il n’a pas encore assez retrouvé ses esprits pour que la colère le gagne ou parce que Do le tient par les bras comme si sa vie en dépend est une autre question. Mais ce sourire ? Il ne sait y répondre. Les larmes coulent à présent le long de ses joues. Il ne pourrait les retenir même s’il le voulait. Il ne veut pas.

« Je… mourir comment ? »

Il commence à craindre que ses parents aient vraiment prit sa lettre d’adieu au sens le plus littéral. Mais à quoi s’attendait-il ? C’es lui, lui qui a écrit noir sur blanc qu’il préférait passer pour mort. Qu’on ne le cherche pas, qu’on ne tente pas de le retrouver, car ça ne servirait à rien. Ont-ils vu sa lâcheté, sur ce bout de papier, à vouloir fuir ses responsabilités, eux ? Ou y ont-ils vu les écrits d’un être brisé qui ne voulait pas leur dire noir sur blanc qu’il allait en terminer ? Sa gorge se noue, petit à petit.

« Je sais que j’ai pas le droit, je sais, mais tu m’as manqué, Si, chaque jour. »

Chaque heure, chaque minute. Parce que c’est indescriptible, ce lien qui les lie. Savoir que son frère va bien ou est heureux est une chose, mais c’est comme s’il a toujours su le ressentir. Quand ça allait, quand ça n’allait pas. Et il sait que c’est pareil pour son jumeau. Il sait aussi qu’ils ont partagé un deuil, ironiquement le sien. Il n’a pas le droit de lui dire ça, il devrait peut-être lui implorer pardon et il en a certainement l’intention, un jour. Pas maintenant, il ne peut que s’en vouloir du mal qu’il lui a fait mais sa décision ? Il a dû mal à se dire qu’elle était mauvaise, pas pour lui, pas s’il voulait vivre.

Egoïste qu’il est.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? » Et ça sonne presque comme un reproche, pourquoi tu es ici alors que moi aussi, ça n'aurait jamais du arriver, alors il se rattrape très vite. « Je n’aurais pas du te laisser en plan dans le couloir, désolé, je ne savais pas que.. Tu as cru quoi, que tu m’avais imaginé ? »

C’est l’inquiétude qui prend le dessus. Dans quel état mental se trouve-t-il pour avoir cru ça ? Doyoung fixe son regard dans celui de son jumeau, davantage pour voir si ses pupilles ne sont pas dilatées par l’une ou l’autre drogue. On ne sait jamais, même en le surveillant de loin, il aurait pu rater quelque chose.

TW : mention suicide, mort, drogue

outfit ~ Il lui faut du temps pour réaliser qui se trouve vraiment devant lui. Sihyeon est persuadé que c'est encore son cerveau qui lui joue des tours. Lui faisant imaginer et entendre son frère, comme c'est déjà arrivé quelques fois dans le passé. Ce n'est que quand il le prend dans ses bras pour le réconforter, qu'il se sent résonner avec son jumeau qu'il comprend qu'il n'est pas en train de le rêver. Doyoung est bien là devant lui, en chair et en os. Et sur le moment, malgré le festival d'émotion qu'il ressent, il est surtout heureux et soulagé de le savoir en vie. Juste en vie. Il ne sait pas encore si il va bien, il ne sait pas encore ce qu'il s'est passé, il ne sait rien mais il est pour le moment juste en joie de revoir son frère et il ne peut retenir un sourire sur ses lèvres.

Do semble surprit de l'entendre parler de mort. Ne s'était il pas fait passer pour mort ? Est-ce que sa famille lui avait menti ? Il fronça des sourcils en perdant son sourire. Le mensonge semblait être plus gros qu'il ne l'avait imaginé. « Bah... oui ? Les parents m'ont dit que tu... enfin on t'a retrouvé mort... Ils m'ont interdit de te voir car ton corps "n'était pas présentable". ». Il est perdu. Tout ça commence à faire beaucoup pour lui. Un frère qui s'est visiblement enfuit une famille qui a caché celle-ci par une fausse mort. Les larmes n'avaient jamais vraiment cessé de couler mais elles redoublèrent. Il se sent lésé par sa famille entière. Il est amère, il a été pris pour l'idiot à gober n'importe quoi. Il ne peut qu'être cinglant face aux paroles de son frère qui exprime lui avoir manqué. « Mais pas assez pour venir me retrouver et me dire la vérité ? ».

Ca serait mentir que de dire qu'il ne lui en veut pas de l'avoir menti pour tout ça. Il lui en veut de lui avoir caché sa fugue, d'avoir vécu tout ce temps dans l'ombre, sans prendre le temps de venir rassurer son jumeau. Doyoung était tout pour Sihyeon, ce n'était donc pas si réciproque ? Il lui en veut mais il n'arrive pourtant pas à le lâcher, ses mains sont toujours posées sur ses bras, agrippé au tissu de son pull pour l'empêcher de s'enfuir encore. Ses émotions seront, encore pour un bout de temps, très contradictoires. À sa question, il désigna d'un coup de tête un coin de la chambre. Celle-ci était plutôt particulière, il s'agissait d'une sorte de suite mais avec salle de bain ouverte et d'un style un peu futuriste. La baignoire trônant magnifiquement pas si loin du lit. « Architecture... » il laissa passer quelque temps où il essuya quelques larmes et renifla avant de continuer. « Oui j'ai cru t'avoir rêvé... ce n'aurait pas été la première fois. Do... je suis pas sûr que tu mesures à quel point tu m'as manqué... Pour moi, même si je ne voulais pas y croire, tu étais mort. J'ai passé un mois complet muet, déconnecté du monde tellement je ne pouvais l'accepter... et quand ça m'a vraiment percuté, ça m'a détruit... vraiment... tellement que je crois que mon cerveau a commencé à t'imaginer pour que ça soit moins dur à accepter. », il voyait le regard de son frère sur lui. Il l'avait déjà vu faire quand il revenait de soirée avec Charlie. La consommation de la demoiselle est un secret pour personne. Ce qui était beaucoup moins dans les meurs c'est que Si a un corps de faible. « Arrête de me sonder comme ça, ma consommation n'a pas changé, je suis toujours KO avec un simple doliprane. », meilleur moyen de le faire dormir.

Sihyeon le regarda quelque instant avant le reprendre dans ses bras, venant caler sa tête dans son cou. « Je suis tellement heureux de te revoir... et si triste de tous ses mensonges... ». Il laissa ses mains glisser un peu dans son dos, il paraissait plus fin que dans le passé mais il en était pas sûr. Il n'avait pas la même mine non plus, clairement, il n'avait pas passer du bon temps non plus. « Comment tu vas, Do ?... Que fais-tu, toi, ici ? Pour une personne en fuite... c'est pas tellement un endroit où se pointer... », appelant un chat un chat à présent, Do s'est enfuit et Si attend beaucoup d'explications. 

TW ; mentions pensées suicidaires, prétendu décès

Ils l’ont bien fait passer pour mort. La façon est à revoir, pour le peu qu’il comprenne ce que tout cela implique. Mais ils ont respecté sa volonté. Et encore une fois, il se demande s’ils ont cru qu’il les abandonnait pour vivre sa vie ou qu’il n’osait pas leur dire qu’il allait y mettre fin. Doyoung tente de dire son jumeau que ce dernier lui a manqué. Tellement. C’est plus qu’une vérité, c’est un fait. Mais la réponse de Si se fait sanglante et Do a un petit mouvement de recul. Il ne va pas bien loin, son frère le tient, mais le reproche, bien que mérité, fait l’effet d’une gifle.

« Je suis partit, Si. Mais je ne t’aurais pas... Je savais que tu allais t’en sortir. Je savais, je te promets que je savais, sinon je ne serais pas partit. »

Il savait que son frère surmonterait cette épreuve, même s’il avait réellement décidé de s’ôter la vie. Parce que Sihyeon est fort, bien plus fort que lui. Et il n’est pas seul, non plus. Pourtant son ton se veut autant implorant que certains, parce qu’il veut que son jumeau comprenne. Il a besoin qu’il comprenne. Mais il sait aussi qu’il ne sait rien dire de bien en cet instant, rien n’est suffisant, rien ne justifie ce qu’il a infligé à son jumeau. Aux autres, ceux qui devaient être là pour lui. Même à leur parents, à vrai dire. Alors son frère à portée de bras, il lui demande ce qu’il fait ici. Il espère que ce dernier ne se rend pas compte à l’instant qu’il regrette qu’ils se soient croisés. Que ce n’était pas le but recherché. Que ça n’aurait pas dû arriver. Que et si. Deux mots avec lesquels on pourrait changer le monde si facilement, si on pouvait. Et il s’en veut, Do, c’est certain. Mais il n’était pas prêt.

Son regard se pose enfin sur le reste de la pièce. Effectivement, l’architecture des lieux. Trahit par des colonnes et des murs. Ironie du sort. Il pâlit davantage quand Sihyeon lui explique comment il a vécu sa disparition. Et de nouvelles larmes coulent le long de ses joues, qu’il ne prend pas la peine d’essuyer à l’aide de sa manche. À quoi bon ? Il se sent pourtant coupable, coupable et coupable. Une culpabilité qui le ronge depuis qu’il est partit, mais davantage quand ça ne va pas. Et à cet instant précis, alors même qu’il se sent si bien, là, près de son frère, ce sentiment d’être en sécurité et d’être aimé s’installant en lui... Do ressent ce besoin de se terrer dans un coin et de ne plus en sortir, ni pour manger, ni pour boire, ni pour quoique ce soit. Devrait-il expliquer à Si que dans sa tête, rien ne va ? Qu’il a des périodes, des jours entiers voir plus de quelques semaines, où tout ce à quoi il aspire c’est de ne pas se réveiller quand il s’endort ? Non. Il est hors de question qu’il se justifie. Il ne le mérite pas. Ça ne changera rien.

« Pardon. Je voulais pas présumer que t’étais tombé dans ça mais… » Ton âme sœur n’hésite pas, qui me dit que t’as pas choisi cette facilité en la voyant faire. Ça ne se dit pas et fort heureusement, il garde son avis pour lui. « Je suis venu. Parfois. Quelques fois. Je t’ai vu quelques fois. Mais… Je pouvais pas, Si. Je suis sincèrement désolé, mais je pouvais pas. »

Il n’avait pas eu le courage. Pas en le voyant vivre sa vie, en se disant qu’il avait peut-être fait son deuil. Et quoi, il serait réapparu devant lui, comme ça ? Sa voix se brise en fin de phrase, sa volonté s’efface sous cette culpabilité étouffante. Heureusement c’est à ce moment-là que Si le reprend dans ses bras et Do ferme les yeux. Le serre contre lui, décidé soudainement à pas le lâcher. Plus jamais. Si seulement il pouvait. Mais il sait qu’une fois cette conversation terminée, qu’une fois qu’il trouve l’opportunité de s’en aller, il va disparaître. Retourner dans la rue, sortir son sac à dos de derrière les poubelles où il l’a caché et rejoindre un building délabré pour s’installer dans un coin et bouffer quelques biscuits. C’est pathétique mais il va lui falloir plusieurs jours de calme. Loin de tout.

« Uhm… » Et il ne réfléchit pas. Enfin, si, la panique le gagne parce qu’il ne peut pas avouer qu’il est en partie là pour voler quelque chose, qu’est-ce que Si va penser de lui ? Alors il lui sort l’autre truc qui lui passe par la tête. « Il y a de la nourriture ici. » Sauf que ça non plus, il n’avait pas envie de le dire. Il se mord la lèvre inférieure et serre un peu plus Si contre lui, enfuyant son visage dans les cheveux de son jumeau. C’est maintenant qu’il s’effondre, il le sent bien, ses doigts tremblant là ou ils sont repliés dans les plis du haut de Sihyeon. Il a un sacré nœud dans la gorge et les larmes laissent place à un sanglot. « Tu m’as manqué, je suis désolé. Je suis si désolé, Si. » Il s’excuse aussi déjà de prévoir sa fuite, très prochaine, parce qu’il n’est pas prêt. Et que Si ne sait pas l’obliger à rentrer, personne ne le sait.

outfit ~ Sihyeon ne peut pas s'empêcher d'être un peu sanglant dans ses paroles. Ca ne lui ressemble pas, lui qui est en général si doux et bien veillant. Mais cette histoire lui a fait énormément de mal. Plus il en apprend, plus il en prend conscience plus il se sent lésé et son cœur blessé. Sa famille l'avait pris pour un idiot, faisant passer pour mort son jumeau alors qu'en réalité ils n'avaient juste aucune idée où se trouvait Doyoung. Et Doyoung... ne semblait pas vraiment tenir tant que ça à son frère ou du moins il ne le considérait pas vraiment comme une personne indispensable à sa vie. Et ça, ça faisait beaucoup beaucoup de mal à Si. L'aurait-il laisser dans l'inconnu toute sa vie si ils ne s'étaient pas retrouvé par hasard ? Sihyeon ne serait-il pas devenu fou à force d'imaginer son frère partout ? Celui-ci n'osait pas en dire plus de peur d'être vraiment méchant envers son jumeau et qu'il voulait plutôt profiter de ces retrouvailles, prendre des nouvelles de lui...

Il était presque habitué à ce qu'on l'associe lui aussi à la consommation de Charlie. Comme si forcément ça ne pouvait qu'être un couple de drogués. À vrai dire, ils étaient même un trouple maintenant, mais Doyoung était parti avant de le savoir. Si il l'avait effectivement observé de loin il devait l'avoir remarqué. Sihyeon ne releva pas, au contraire il serra un peu des dents. Ca lui fit mal une nouvelle fois. Si il était tellement désolé pourquoi n'a t'il pas réagit ? Pourquoi n'est-il pas venu le voir ? Lui expliquer, se faire pardonner de sa disparition ? Il était perdu et plus il en entendait plus il avait mal. Il en viendrait presque à regretter son ignorance.

Enlacer contre le corps de son frère, il savourait ces retrouvailles malgré le festival d'émotion qu'il ressentait. Plus ça allait, moins il arrivait à être positif. À la réponse de Do, il comprit qu'il devait être dans une situation très précaire au point de devoir venir dans ce genre de fête pour manger... et autre chose ? En se baladant, il avait remarqué le surnombre d'objet de valeur. Si il avait été en manque d'argent, il n'aurait probablement pas trop hésiter à voler deux-trois bibelots. Il ne le voyait pas mais il ressentait bien, le corps de son frère qui commençait à trembler un peu plus fort, comme si il lui allait lui avouer encore un truc qui allait le blesser. Mais l'étudiant l'avait su dès qu'il avait reconnu son frère. Cette rencontre ne serait qu'éphémère. « Doyoung... », quand était-ce la dernière fois qu'il l'avait appelé par son prénom en entier ? Il ne se rappelle pas mais ce n'était probablement pas non plus dans de bonnes circonstances. Il savait qu'il allait regretter ses paroles, parce que ce n'était pas lui, mais ça faisait déjà une année qu'il n'était plus lui, que son frère avait pris "sa lumière" avec lui. Sihyeon se forçait à rester bon mais au font il souffrait et en cet instant, pour le moment, il en voulait énormément à son frère. « Je sais déjà. Tu n'as encore rien dit que je le sais déjà. Tu vas repartir, tu vas te renfuir, encore. Egoïstement mais tu le sais déjà. Si tu es vraiment, vraiment désolé, tu ne repartirais pas. Si je t'avais vraiment, vraiment manqué tu aurais cherché à me retrouver, à venir me parler, te confier. Mais tu ne l'as pas fait. Alors, s'il te plait... fait au moins juste un truc pour moi. Arrête de me mentir, arrête d'essayer de me berner ça marche avec les parents mais pas avec moi. Doyoung... je ne sais pas pourquoi tu me fais si peu confiance, je ne sais pas pourquoi tu as aussi décidé de m'exclure de ta vie et j'imagine bien que je peux dire tout et n'importe quoi, mes paroles ne compteront pas du tout car tu as déjà décidé de repartir dans l'ombre mais écoute au moins ça. ». Il n'avait pas bougé d'un poil, il était toujours blotti contre lui, les bras l'entourant. C'était assez contrasté, leur position face aux mots qui traversent les lèvres de Sihyeon... mais il était amer et il voulait le faire savoir. « Par défaut, je vais devoir reprendre l'entreprise familiale... ça sera un long travail pour moi mais je le ferai. Je le ferai dès que j'aurai fini mes études... qui ne me servirons jamais une fois à la tête de l'entreprise mais que c'est bien la dernière chose que je pourrai encore décider avant tout ça. Je devrai probablement simuler un mariage par amour pour du business, avoir une double vie avec mes vrais âmes-soeurs qui d'ailleurs ne l'accepteront peut-être même pas. Mais je le ferai pour que tu n'ailles plus jamais besoin de le faire... Je m'en plaindrai jamais, je serai probablement plus vraiment ce que je suis aujourd'hui mais je le ferai quand même mais à une condition... J'aimerais que tu restes à mes côtés, je ne dirai rien te concernant à la famille ni à personne mais je veux te voir, je veux pouvoir te parler, faire des activités ensemble comme avant... ». C'était à son tour de trembler, il avait conscience qu'il était en train de le manipuler. Mais s'était désespéré et profondément sincère, il tentait le tout pour le tout pour le garder proche de lui. « Je sais que ce que je dis est égoïste et même que ça va te sembler très étrange de ma part... mais Do... j'ai beau être fort comme tu le dis, je le suis beaucoup moins sans toi. Tu as le droit de tracer ta route comme tu le fais depuis un an mais sache juste... je ne pense pas être capable de reprendre tout ça en ayant le cœur meurtri d'avoir perdu mon jumeau. J'ai besoin de vous tous autour de moi de savoir que je ne suis pas seul. Si tu tiens encore juste un petit peu à moi reste près moi... Je ne dis pas tout ça pour que tu me prennes en pitié et décides de retourner gérer l'entreprise, je le ferai mais j'ai juste besoin de toi Do... s'il te plait. », il l'agrippa fort, désespérément, parce qu'il l'était, car il avait peur et du futur et de perdre son frère. Il pouvait encaisser tout ça si il savait avoir une deuxième vie parfaitement complète avec toutes les personnes qu'il aimait. Et avoir son jumeau proche de lui était un énorme facteur de bien-être pour lui.