There wasn't any sun and any moon
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Sieon n'assume plus rien.

Sa vie prend un tournant qui devient ingérable, et quand Doah lui avait demandé de l'aide parce que ça n'allait pas depuis qu'ils s'étaient quitté avec Jieon, il avait été longtemps présent et ils étaient restés en bon terme... Pour autant, il était de plus en plus distant, indisponible, renfermé sur lui-même.

Il était installé au bar du café où Doah travaille, en train de travailler sur son mémoire, pensant être en bonne compagnie.

Sieon n'arrive pas à se concentrer. Il fixe son écran intensement, les mains fixes au niveau du clavier depuis plusieurs minutes. On pourrait penser qu'il lit, mais il est totalement ailleurs, épuisé physiquement et mentalement. Cela dure plusieurs minutes. Il fait alors une pause, durant laquelle il discute paisiblement avec la barmaid.

Jieon revient sur le tapis, et pour une raison assez obscure, l'aîné se braque et se ferme totalement à la discussion.

— Je n'ai pas envie de parler de mon frère.

Il a l'air réellement agacé, son ton est plus sec qu'il ne l'aurait voulu. C'est toujours la même chose d'une part, et deuxièmement, Sieon n'y tient plus. Tout est beaucoup trop lourd à porter, et il aimerait tellement pouvoir être aussi insouciant que son cadet. Il déteste la situation dans laquelle il est, et quand il y pense, il ne peut que desserrer rageusement sa cravatte.

Evidemment, ce n'est pas pour plaire à la jeune femme. Et bien que Sieon n'a jamais insinué que Doah était agaçante à toujours répéter la même chose à propos de son frère, au fond de lui, il comprenait totalement qu'elle puisse mal le prendre. La façon de le dire et le ton n'y était pas du tout.

Le problème, c'est que ce n'était pas la première fois qu'il avait ce genre de comportements désagréable avec Doah. Il les avait aussi avec sa fiancée, beaucoup plus fréquemment, ce qui menait à de véritables disputes dans leur couple. Mais Sieon n'était pas prêt à admettre que ça n'allait pas, ou même juste à le montrer. Il passait ses nerfs sans aucune raison apparente.

Sieon ne peut que se flageller mentalement de ne pas savoir se contrôler, et il s'en voulait.

— Désolé. Je ne voulais pas le dire comme ça...

Mais le mal est déjà fait.

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doah travaille tranquillement, le café est paisible, et la gérante n'est que trop à l'aise dans ses conditions. devant elle, il y a sieon qui travaille - il avait l'habitude de venir lui rendre visite de temps à autre, malgré la rupture. sieon et doah avait réussi à trouver un terrain d'entente silencieux, sans jamais avoir besoin de poser les conditions d'une petite amitié. souvent, ils parlent de jieon, parce qu'il reste le frère de sieon, et que doah sait qu'il comprendra mieux que quiconque ses états d'esprit par rapport à son ex.

— tu ne sais pas ce qu'il s'est passé la semaine dernière ... commence-t-elle, la voix un peu faible. — jieon m'a encore reproché- elle n'a pas le temps de finir que sieon lui coupe la parole, disant qu'il n'a aucune envie de parler de son frère. et doah se crispe, parce que le ton lui rappelle trop bien jieon.

elle se détourne pour ne pas montrer que les larmes lui montent déjà aux yeux, parce que sa voix ne lui rappelle que trop de mauvais souvenirs. si elle était plus forte, elle lui aurait sommé de sortir, mais après tout, elle n'est que faiblesse. c'est ce qu'il lui avait dit. jieon. jieon transparaissait au travers de sieon, alors même que ce dernier lui avait promis qu'il n'était pas comme lui.

— bien sur. murmure-t-elle, la tête baissée vers l'évier, faisant la vaisselle pour continuer à tourner le dos à la salle.

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Sieon avait beau se persuader qu'il n'était pas comme son frère, qu'il valait peut-être mieux que lui, tout en souhaitant le préserver, car il était tout pour lui, en réalité Sieon n'est pas mieux.

Il se dit qu'il a une excuse d'être comme ça, que ce n'est que temporaire et que c'est seulement la dépression qui parle à sa place... Mais peut-être que Jieon était aussi mal dans sa peau que lui ? Ca n'excusait rien du tout.

Un simple « bien sûr » outrepasse les lèvres de Doah et il la retient comme il peut, de manière tout à fait inconfortable, en équilibre sur la barre de pieds de la chaise de comptoir, les sourcils froncés, presque inquiet.

— Hey, je le pense vraiment. Je suis désolé. Ne pleure pas...

Parce que ça donne envie à Sieon de pleurer aussi, qu'il se sent littéralement comme une merde. Et c'est ce qu'il est sûrement, au fond ? Non ? Y'a pas un Yi pour rattraper l'autre après tout.

Doah avait-elle envie de le croire ? Ils étaient supposés passer un bon moment, tranquillement. Sieon avait tout ruiné, encore une fois.

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c'est la même boule au ventre qui la prend maintenant que lorsqu'elle voit jieon ces derniers temps. elle voudrait être plus forte, c'est jieon même qui lui avait dit qu'elle se laissait trop marcher dessus, qu'elle était faible. il avait beau avoir raison, il lui marchait dessus sans aucun scrupule, et maintenant, c'était sieon qui lui faisait ressentir la même sensation de honte. — non, je comprends. désolée.

excuses piètres d'avoir osé mentionner son frère. elle sait qu'ils ne sont pas en très bon termes, que sieon a du mal avec toute cette situation, mais elle s'attendait à ce qu'il soit plus compréhensif, qu'il la rassure plutôt que de la mettre plus bas que terre.

mais son coeur est bien trop tendre pour lui en vouloir plus de quelques secondes, alors elle se tourne à nouveau vers lui et lui offre un sourire qu'elle crée de toutes pièces pour le rassurer. — je pleure pas, regarde. l'air de dire qu'elle ne pleure jamais, presque. c'est deux mensonges qui vont bien ensemble, mais tant pis. il devra bien la croire.

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L'attaque de Sieon n'était pas personnelle ; elle était plutôt dû à lui-même plutôt qu'à la jeune femme qui avait eu la mauvaise idée de parler de Jieon. Après tout, l'aîné ne déteste pas son cadet. Il aimerait simplement que son frère lui tende les bras aussi. Mais ça... c'était certainement trop demandé à celui qui semblait être en colère contre le monde entier.

Et Sieon se sentait mal pour Doah, qu’il avait pu voir se faire lamentablement piétiner par son propre frère… Comme lui, finalement. Finalement, c'était la colère de ne pas réussir à exprimer ce qu'il voulait, de se sentir pieds et mains liés dans toute cette histoire.

Alors il deversait cette frustration sur les mauvaises personnes, sachant très bien qu'il ne pouvait pas le faire directement sur les personnes concernées. Il était pitoyable, Sieon.

La jeune femme lui offre un sourire — factice, bien entendu. Il ne bronche plus, ne bataille plus. Il aurait préféré qu'on lui crie dessus, peut-être, en définitive. Ca aurait rendu un certain nombre de choses beaucoup plus simple.

Il baisse la tête à son tour, reste immobile, ressassant sa propre lacheté, en boucle, le poussant à agir d'une telle manière.

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— sieon, ça va. vraiment. murmure-t-elle, en le voyant se fondre dans un mutisme qu'elle ne lui connait que peu. elle ne sait pas comment le rassurer, peut-être que ce n'est pas vraiment son rôle. elle a eu ses torts aussi, doah, à vouloir parler de jieon, encore une fois, alors qu'elle savait bien que sieon n'aimait pas la manière dont son frère la traitait.

se retenant de soupirer, elle se dirige vers la vitrine de gâteaux, en sort un, le place sur une assiette, et la pose devant sieon. — sieon. elle l'appelle, doucement, glissant l'assiette un peu plus près de lui. — dis-moi ce que t'en penses. elle serait à deux doigts de lui faire quelque chose de plus spécial, pour que la douleur quitte son regard.

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Sieon aimera parfois s'exprimer plus librement que maintenant. Mais il n'osait pas en parler, avait peur que les gens ne comprennent pas, parce qu'il avait tout pour être heureux. Alors il n'était pas supposé se plaindre.

Peu importe ses propres sentiments.

C'était dur de garder ce masque sur lui en permanence, alors qu'il est rongé par l'anxiété, les crises d'angoisse, laissant la dépression s'installer. Il n'arrive même pas à en parler à Yesol, de peur qu'elle s'en aille loin de lui, qu'elle n'aime pas celui qu'il voudrait réellement être, qu'elle ne comprenne pas ce désir de liberté, ce désir de simplicité.

Son regard reste obstinément fixer sur l'écran de son ordinateur, comme si cela pouvait empêcher les larmes de couler, de le trahir. Cependant, il ne les laissera pas faire. Les yeux brillants, impossible de lire les lignes de son cours affichés sur l'ordinateur.

Il refuse de regarder Doah, ne souhaite pas lui montrer à quel point cette situation le touche et à quel point il se déteste d'avoir réagi comme ça.

Toujours silencieux, il tente de faire comme si de rien n'était, se saisit de la cuillère à côté de l'ancien gâteau.

Sieon n'a même pas faim.

Mais il prend une bouchée, juste pour lui faire plaisir. Les gâteaux de Doah sont toujours très bon, cependant, aujourd'hui ils n'ont pas la même saveur que d'habitude, car le jeune homme est triste, il n'a pas faim. Il mâche un peu, difficilement, le manque d'appétit clairement présent.

— C'est bon, il conclut finalement.


Il est sincère quand il le dit, même s'il n'a pas faim.