ça t'a pris de court, sans oser refuser tu t'es enfoncé dans un malaise que tu ne pourras sans doute jamais défaire. rien d'alarmant en soi, pas quelque chose qui va te coûter la vie non plus. mais pour des raisons coupables tu te sens coupable. tu as longtemps parlé avec elle, pour le travail. tu es peintre et elle cherchait qui dessinait les silhouettes comme tu le faisais. c'était anonyme et bon enfant, toujours sage sans écart. tu l'as rencontré une fois et tu as vite compris quand ton ami l'a présenté comme étant sa femme et qu'elle a rajouté qu'elle était propriétaire de cette librairie dans yueo. ça t'a amusé, t'as juste eu le temps de sourire cette fois-là avant que tu te dises elle est jolie dalnim. ça t'a pris au coeur et la pensée incontrôlable t'as fait regardé ailleurs cette fois-là. tellement gêné que tu t'es juste présenté comme l'ami de yikyung, rien de plus, comme si vous n'aviez jamais discuté avant sans le savoir.

t'as continué en sachant que c'était elle, mais sans réciproque, ton numéro qui ne te liait pas au toi qui doit resté blanc comme neige. tu ne pouvais pas te résoudre à couper les ponts même si les pensées coupables te rongeaient un peu la tête. ça a continué encore après, les rencontres impromptues, comme si vous aviez les mêmes goûts pour tant de choses. sans savoir quoi dire, en bafouillant, tu lui disais bonjour et vous vous échappiez chacun de votre côté.

le problème si tu peux appeler ça comme ça c'est qu'elle tenait à rencontrer l'autre que tu jouais aussi, datura et ses silhouettes, et les excuses te manquaient à force. enfin, il a pas fallu beaucoup pour que t'acceptes, t'avais comme jamais envie de lui dire non. tu n'aimes pas le pensée mais si son sourire vient illuminer son visage, ça te va parfaitement.
alors quand tu arrives dans la rue, quand tu pousses la porte de la librairie, t'es pas très sûr de toi. t'as l'impression d'avoir dix-sept ans.

- dalnim ? tu demandes, ta voix raisonne entre les livres et étagères.

tu te détestes, d'avoir déjà le coeur qui bat trop.

❝ secret in my pocket,
ootd ༄  @Kwon Juno

Un petit rayon de soleil dans l’obscurité : conclusion qu’elle tire lorsque le peintre accepte la rencontre entre eux. Des semaines qu’ils s’écrivent, d’un vocabulaire professionnel et neutre, attirant toujours plus la curiosité de la passionné d’art. Des semaines qu’elle imagine un visage derrière l’écran de son téléphone, souriant étrangement à chaque fois qu’il lui parle de l’imaginaire et de ses coups de pinceaux, des quelques voyages qui l'emmènent loin d’Yecheon et de son eau paisible. Leurs échanges coupent son quotidien, ainsi elle oublie presque la raison qui la pousse à ne plus être à la maison ses derniers jours ; ce n’est pas tellement vrai, mais elle arrive à sourire lorsque l’artiste lui ouvre la porte de son univers et dans cette alchimie envoûtante, elle se rattache comme à une bouée au milieu de l’océan, seule et solitaire. Datura. Intriguant comme cette plante toxique que l’on surnomme aussi l’herbe du diable - - et elle ne comprend pas bien pourquoi c’est avec ce pseudonyme qu’il sculpte ou peint tous ces tableaux aux milles couleurs, parce qu’il n’y a rien de sauvage ou d’horrible dans les messages qu’ils écrivent ; ça attise la flamme en elle, et il lui tarde de faire rencontre avec l’homme qui se cache derrière ce nom dangereux.

La porte s’ouvre alors qu’elle se cache derrière les grandes étagères pleines de livres. Elle range rapidement les derniers arrivages, prenant soin de les mettre en ordre selon les auteurs et les divers catégories proposés dans la librairie. Sourire aux lèvres, c’est lorsqu’elle reconnaît la voix qui prononce son doux prénom qu’elle se fige, surprise. Kwon Juno. Que fait-il là ? Est-ce Yikyung qui l’envoie ? Ou bien est-ce, encore, le destin qui se joue d’eux ? Ses pommettes s’empourprent d’un rouge intense alors qu’elle tente de reprendre ses esprits. Sa poitrine palpite et ça ne l’aide pas. « Tu… Tu cherches quelque chose ? » balbutie-t-elle. Elle frotte sa jupe nerveuse avant de faire mine de se rendre derrière la caisse. Ses yeux osent à peine le contact avec les siens, elle qui d’habitude est si enjouée de faire le rencontre avec d’autres amoureux de la littérature - - c’est à peine si elle se reconnaît lorsqu’il est en face d’elle ; comme une adolescente devant son crush, alors qu’elle ne se permettra jamais cette pensée grotesque et sans fondement, surtout avec l’ami de son presque mari. « Tu as déjà une idée ? Ou tu venais à la découverte totale ? » Sourire aux lèvres, elle espère être professionnelle. Espère qu’il ne remarque pas les mains moites qu’elle cache derrière son dos. « En fait, j’allais mettre une pancarte à la porte parce que j’ai rendez-vous avec quelqu’un. » Seule, il lui est impossible de faire deux à la fois. « Je veux dire, un rendez-vous avec un artiste, pas... » ajoute-t-elle dans la précipitation avant de s’éteindre complètement, gênée au possible. « Mais tu… Tu peux prendre ton temps, je ne ferme jamais la porte à mes clients. Regarde et prends ce qui te plaît, la personne n’est pas encore arrivée. »

tu aimerais lui éviter ces gênes occasionnés. tu aimerais disparaître pour la laisser tranquille parce qu'à la voir au loin comme ça, en dehors d'espèces d'émotions compliqués tu pourrais te dire oh je l'agace et c'est pour ça qu'elle ne semble pas vraiment à l'aise quand tu l'approches. pourtant quand sa voix vient raisonner comme si tu l'entendais de partout, tu ne peux pas t'empêcher de relever les yeux, la chercher du regard jusqu'à ce qu'elle ne fasse son apparition au tournant d'une étagère. encore tu penses elle est jolie dalnim comme les premières fois, tu te sens criminel. alors quand tu la voix tu peux t'empêcher de sourire, quelque chose de timide qui vient étirer tes lèvres dans une figure de politesse.

- bonjour. tu t'empresses de dire.

mais tu n'as plus le temps de dire grand chose quand tu t'avance vers le comptoir de caisse car elle se précipite à te demander tes goûts. au début tu n'as pas compris, pour toi c'était évident que tu ne venais pas feuilleter des bouquins -même si l'idée ne te déplaît pas-. tu l'observes juste s'emmêler dans ses mots. tu aimerais lui dire que c'est toi qu'elle attend, mais à chaque fois que tes lèvres s'entrouvrent tu es déjà de nouveau couper. elle se justifie, supposant que c'est simplement pour le travail et non pas quelque chose d'inavouée car elle a préféré ne plus bafouiller et tu arrives quand même à voire ça d'une belle manière.

- alors justement..

et te voilà tout autant gêné. sur le chemin tu as réfléchi à diverses façons de lui dire que tu es celui derrière cet écran mais une fois devant elle, tous tes moyen s'envolent. comme un poème que tu as oublié quand tu es face à ta muse car elle t'inspire bien plus de chose que quelque chose appris par coeur. tu es embarrassé et ta main vient frotter nerveusement ta nuque un bref instant, ton regard s'échappe sur les bibliothèques. tu sens tes joues se réchauffer et tu en as honte. tu as l'impression que celui à qui est promise dalnim est juste derrière toi à observer ces échanges maladroits alors que vous êtes seuls, ses jolis yeux et ta boule au ventre. tes mots se perdent et s'entremêlent. tu ne pouvais pas juste lui dire surprise c'est moi. tu as peur aussi, tu as peur que datura paraisse bien fade et n'ait plus l'air si angélique que ces pétales blanches ne le font deviner.

- je ne viens pas pour les livres. et de suite il regrette parce que ça peut sonner mal sur ses lèvres, un peu arrogant sans le vouloir. - enfin.. je veux dire, je suis là parce que l'on avait rendez-vous.

et tu espères qu'elle comprenne, ou sinon tu comptais bien t'enterrer six pieds sous terre de honte.

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ootd ༄  @Kwon Juno

Elle parle. Elle parle sans doute beaucoup. Puis, elle suppose. Elle suppose l'invraisemblable, ne laisse pas la parole à celui qu’elle questionne ; elle n’écoute pas, et espère, tout au fond d’elle, ne rien connaître des raisons qui l'emmènent dans son coin de paradis. Elle se doute que ce n’est pas l’envie des livres qui l’ont guidé jusqu’ici - parce qu’il serait venu plus tôt - et encore moins à cause des tableaux qu’elle expose temporairement dans la galerie parce qu’il n’y a aucune exposition en ce moment. Alors la conclusion qu’elle tire de cet ouragan de supposition, elle lui est terrible : Yikyung. Ce ne peut-être que lui, son ami, qui l’envoie jusqu’ici prendre des nouvelles de la femme qu’il laisse derrière lui, qui ne lui répond pas au téléphone et qui fait chambre à part, dans la réserve de sa librairie. Sa poitrine se resserre - - elle se fait violence afin de ne pas rendre ses pupilles brillantes. C’est un faux sourire qui vient alors naître au bout de ses lèvres ; elle entre dans son rôle de conseillère, prête à mettre ses douces connaissances littéraires en avant, mais il la coupe dans sa scène et elle trébuche contre les planches de bois, tombant dans un gouffre sans fond. Je ne viens pas pour les livres. La phrase résonne. Encore et encore. Les scénarios qu’elle imagine ensuite sont nombreux, tous plus terribles les uns que les autres - ça palpite fort. Une dernière fois elle résonne et contre toute attente, la suite des mots fait des ravages en elle. Elle a mal au ventre. Ses joues s’empourprent de plus belle. Hein ? A-t-elle seulement bien entendu ? Ils avaient rendez-vous ? D’un coup elle se remet en question - jamais elle se permet de croire qu’il s’agit de lui, de Datura. Ce serait-elle trompé de numéro ? Elle baisse les yeux un instant. « Non tu te trompes parce que… » murmure-t-elle presque à voix basse. « Ça ne peut pas être toi. Ce n’est pas possible. » Parce qu’alors il savait tout quand elle ne savait rien. Qu’il est l’ami de son mari, qu’il a prétendu être un autre pendant leurs longs échanges passionnés d’arts et de voyages. Parce qu’alors, elle avait évité le vrai sans connaître le faux derrière l’écran : ça n’avait servi à rien, ils s’étaient rapprochés un peu plus quand elle pensait s’être éloignée de lui et de son envoûtement. Elle pose ses mains devant sa bouche, choquée. « Pourquoi… Pourquoi tu me l'as caché ? Je… Non… C’est impossible. Je n’y crois pas. Je… Je… Je ne veux pas y croire. » Mal. C’est mal. Elle n’a pas le droit d'être aussi triste qu’heureuse que ce soit lui.

tu comprends qu'elle ait du mal à te croire au début, c'est un déni qui peut réconforter. le pire peut-être, c'est que tu ne lui en voudrais même pas si elle choisissait de couper court à ces échanges, de prétendre que même datura n'existait plus. il y a tellement d'autres artistes dont les messages sont beaux à afficher. tu comprendrais si elle maudirait tes peintures, tu comprendrais, mais ça te fait mal d'avouer que tu en serais bien triste. et c'est voir cette désillusion chez elle qui te fait de la peine, tu te demandes alors qui est-ce qu'elle pouvait imaginer derrière ce nom.
toi, tu ne vois que toi derrière datura, un moyen de t'éloigner complètement de qui tu es. te protéger, personne ne pensera à toi, et en même temps, quelque chose que tu aurais aimé être dès le début sans avoir à cacher ça. tu ne peux pas crier haut et fort que tu es l'auteur de tout ça, et pourtant tu lui as dit à elle malgré les menaces de ton paternel. t'as pas réfléchi plus que ça parce que lui cacher devenait difficile. c'était comme la tromper un jour de plus à chaque fois. la voir paniquer comme ça, tu ne peux que t'en vouloir un peu plus.

- je suis désolé.. c'est sûrement tout ce que tu pouvais lui dire.

tu es désolé que vos chemins se croisent encore alors que tu avais surtout l'impression de la gêner. tu es loin de vouloir lui imposer ta présence et tu te sens honteux d'avoir le coeur qui cogne contre ta poitrine. tu as l'impression que ça pourrait s'entendre à des kilomètres si le silence arrivait.

- je ne savais pas non plus que je te parlais jusqu'à ce que l'on se rencontre la première fois, et que tu aies parler de ta boutique. tu avoues, le ton calme qui se voulait quand même désolé. tu étais loin de vouloir causer du tort à dalnim. - et.. mais tu te coupes, incapable de lui dire que tu ne lui as rien dit plus tôt parce que quand t'as posé tes yeux sur elle la première fois c'était comme revenir à tes dix-sept ans et que le soleil tapait doucement sur la nuque. - je ne savais pas comment t'en parler. je ne voulais pas dire ça devant yikyung. de l'extérieur, ça serait toujours bizarre tu en as conscience, que de parler à la femme d'un ami sous un pseudonyme. - puis je me voyais mal te le dire à la fin d'un message..

tu n'oses même plus la regarder et tes airs nerveux se concentrent sur le comptoir. tu te sens comme un tricheur. cette fois tu ne peux même pas accuser le destin.

- je comprendrais si tu veux arrêter. même si ça te tue de lui dire, tu ne veux pas lui mettre plus de poids sur ses épaules qu'elle n'avait déjà.

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ootd ༄  @Kwon Juno

Les mots glissent contre son oreille. Elle écoute, douloureusement, la réponse que lui offre l’homme en face d’elle. Elle comprend, c’est évident : elle aurait sûrement fait la même chose si l’inverse avait eu lieu, l’obligeant à prendre un pseudonyme, cachant son identité coûte que coûte. Mais ne lui aurait-elle pas dit dès la première rencontre ? Qu’ils se connaissent déjà, qu’elle lui parle depuis des semaines et ce, bien avant qu’ils se rencontrent officiellement comme un ami et la femme de celui-ci ? Sa poitrine palpite. Elle ne sait pas, le doute plane en elle au fil des excuses - - mais sourire, être joyeuse, amicale et douce, c’est ce qu’elle sait faire de mieux en ce monde cruel, Dalnim. Alors le pardon lui est sans doute trop facile, venant naturellement jusqu’à elle lorsqu’elle contemple le visage du peintre se teindre dans l’obscurité. Elle n’aime pas ce qui se passe ; en elle, le chaos. Une brume au milieu de ses pensées, son esprit ne sait ni que dire ni que faire. Ses émotions se sont égarées, elles aussi - elle est aussi triste qu’heureuse, c’est déroutant. Davantage plus lorsqu’elle se rend compte que Yikyung n’est plus au centre de ses songes à cet instant. Ses préoccupations, oui, sont dirigées vers Juno et son expression désolée qu’elle meurt envie de prendre dans ses bras ; et alors elle a la nausée, parce qu’elle se dégoûte de faire naître en elle de tels absurdités. Deux minutes auparavant, elle était victime de ses mensonges et à présent, femme mariée, elle imagine qu’il l’enlace doucement. Qui es-tu Jung Dalnim ? Elle perd ses moyens lorsqu’il est là, quelque part dans les parages, et c’est d’autant plus flagrant lorsqu’il porte son attention vers elle. N’importe quoi - elle n’a pas le droit. Elle qui est si malheureuse depuis des semaines, une visite de sa part et elle se sent un peu mieux. C’est n’importe quoi. Elle en oublierait presque sa colère dans cette tempête émotive.

« Je comprends mais… » commence-t-elle avant que le silence reprenne le dessus. Que veut-elle dire ? Ses mains encore contre ses lèvres glissent à nouveau et regagne le bureau. Elle pianote, nerveuse. « Tu aurais dû être honnête avec moi quand tu as compris qui j’étais et ce que je faisais dans la vie. Ce n’est pas juste. » Qu’elle soit la seule à être si bête devant le fait. Qu’elle se sente si troublée de s’être tant dévoilé, elle et son imaginaire alors qu’elle en a fait un jardin secret que même Yikyung ne connaît pas tout en détail. L’art c’est toute sa vie. Juno n’a pas le droit d’être quelqu’un la veille et un autre le lendemain. « Je crois qu’on devrait mettre fin à cette conversation. Ce rendez-vous… Ça ne mène à rien, n’est-ce pas ? Je ne t’embêterai plus avec tout ça. » Sa voix craque légèrement, mais elle se retient et tente d’être la plus professionnelle possible - - mais il n’y a rien de professionnel lorsqu’on confond sentiment et travail, passion et envie. Datura à sa place, et ce rendez-vous ils le méritent tous les deux, quant à Juno, elle aimerait que ces mots soient aussi vrais que possible mais alors qu’il baisse les yeux, elle le retient de sa frêle main, touchant son épaule du bout des doigts. Elle attrape le tissu de sa veste, timide.  « On ne fait rien de mal, n’est-ce pas ? » ose-t-elle.

tu te sais parfaitement coupable et tu comprends parfaitement ses déceptions. de ton côté, si on t'avait caché une identité quelconque il est vrai que ça te ferait mal. tu donnes ta confiance assez difficilement alors en comprenant la peine de dalnim, ça a l'air de te faire tout autant mal alors que tu es le fautif de l'histoire. les mots tombent sur toi quasi-assassins sans que tu ne puisses y faire grand chose. tu ne sais plus réellement où te mettre. tu avais bien envisager ce malaise mais le fait qu'il soit mêlé à tellement de chose à l'intérieur de toi t'étais sorti de la tête. tu ne sais pas comment gérer tout ça et ça te prend de court. le pire c'est ce qu'elle te dit.

tu sais que tu ne devrais pas prendre tout ça aussi personnellement mais tu ne peux pas t'en empêcher, ça t'agrippe le cœur et comme des vipères ça t'étouffe un peu. pas stupide non plus, tu avais envisager qu'elle ne veuille plus te voir, ou te parler, mais tu as du mal à admettre que ça te ferait aussi mal que ça. tu ne peux pas cacher un sourire nerveux qui rehausse le coin de tes lèvres. tu ne sais pas quoi dire d'autre que de te noyer sous les excuses.

- je comprends. on peut arrêter oui, si tu te sens mieux comme ça. tu acceptes à contre-coeur. parce que tes envies égoïstes aimeraient encore lui parler de longues heures de tout et de rien. tu aimes la manière dont elle a de décrire les sentiments, les paysages et ça t'a souvent inspiré. tu aimes à quel point elle s'investit dans ce qu'elle aime et ne plus pouvoir partager ça avec elle en toute innocence, te fait mal plus que ça ne devrait. mais ses doigts sur le tissus te sortent presque immédiatement de ta tête et ton regard se pose sur elle. quand elle parle tu as l'impression que vous aviez commis quelque chose d'horrible et qu'on pouvait lire en vous comme dans un livre ouvert. ça te prend de court. - .. on ne fait rien de mal non. c'est simplement pour ton exposition. tu réponds comme un gros mensonge.

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ootd ༄  @Kwon Juno

Joues roses, presque viré en un rouge si voyant qu’on se demande si elle n’est pas plutôt fiévreuse que embarrassée. Sa poitrine manque la crise de peu et la sensation augmente lorsqu’elle touche, de ses petites mains frêles et douces, le vêtement de l’homme. Le discours qu’elle tient alors déroge à toutes les règles, et est paradoxalement le contraire parfait de ce qu’elle prétendait à peine une minute plus tôt : lui demandant s’il n’y a rien de mal en ce qu’ils font - - piétinant de ses talons hauts le mensonge et ce qu’il implique. Oh, elle lui veut toujours, mais il y en elle quelque chose, un bourgeon naissant quelque part au fond de son âme, qui la pousse à tendre la main vers lui. Quelque chose qui demande à entendre ce qu’il a à dire ; en tant qu’artiste, en tant qu’humain. Parce qu’elle sait que ces conversations jusqu’à tard dans la nuit, parlant de l’univers et du centre de la terre, des sentiments et des interprétations, des coups de pinceaux et de la vision du monde, il n’y a qu’avec lui qu’elle peut le faire. Il n’y a que lui. Unique et précieux. Personne ne semble mieux la comprendre que lui quant à ses belles passions enivrantes. L’art la fascine, il l’a fascine tout autant et même si elle a l’impression que c’est mal, il l’a rassure et ça la brise un peu - c’est étonnant. L’exposition. Evidemment. Derrière leurs échanges, seul le travail compte. Ni alchimie parfaite ni envie d’ailleurs. Ce n’est que du travail. « Oui, l’exposition. » répète-t-elle. Elle a une boule au ventre, mais elle ne comprend pas pourquoi elle se rend malade de la sorte. « Je te fais la visite de l’espace galerie. Laisse-moi deux minutes, que je ferme la librairie et on passe de l’autre côté. » Dalnim ne tarde pas et bientôt les rideaux métalliques sont au niveau du sol, laissant la pièce dans l’obscurité la plus totale. Les sens décuplés, le parfum de Juno chatouille ses narines pour la première fois et elle en aime les nuances - c’est déroutant. « Tu n’as encore rien accepté, j’en suis consciente mais si jamais le lieu te convient, il sera nécessaire de me dire ce que tu imagines comme éclairage et positionnement des tableaux et des sculptures. Si tu souhaites une musique d’ambiance également ou si le silence et les commentaires te sont préférables. » annonce-t-elle en ouvrant la porte qui mène dans une autre pièce, plus vide et blanche. Il n’y a rien aux murs, pas une décoration, pas une œuvre ; n’offrant que du temporaire, la dernière exposition s’était terminée il y a quelques jours. Sourire aux lèvres, elle s’avance dans le grand espace. « J’ai comme projet de faire faire à la pâtissière au bout de la rue quelques gourmandises lors du vernissage et de mettre des fleurs ci et là, parce qu’il est important à mes yeux de faire connaître les artisans du coin et de mettre en avant ce qu’ils font au quotidien, tout comme j’aime mettre en avant les artistes que j’apprécie énormément. » Ses yeux pétillent. « Est-ce que ça te convient ? » demande-t-elle doucement. Qu’ils échangent encore. Qu’ils se rencontrent à nouveau, encore. Jusqu'à la prochaine excuse.

c'est juste pour l'exposition car c'est ce que tu t'imposes, c'est ce qui te semble le plus juste. c'est ce qu'il fallait faire non ? vous vous parlez par passion de l'art et rejoignez le travail avec ça. il n'y a rien de plus non ? les papillons qui bourdonnent dans le ventre n'étaient que le simple fruit de tes bonheurs autour d'un sujet commun, hein ? quand tu essayes de te convaincre de la sorte tu as l'air ridicule, car tu sais très bien que ce ne sont pas les peintures qui te donnent le rouge aux joues et le sourire aussi facilement. tu ne peux pas te convaincre que c'est simplement parce que vous parlez d'art, parce que tu parles de ça avec beaucoup de monde. il n'y a qu'avec dalnim que tu te sens aussi bien, que tu te sentais vivant et que t'avais l'impression d'avoir le droit de tout sans qu'on vienne te taper sur les doigts. alors ça te brise le coeur, quand tu dois faire passer ça pour simplement quelque chose de professionnel, et en même temps tu sais que c'est mieux pour tout le monde.

- pas de problème. tu es quelqu'un de patient, alors deux minutes pour toi ce n'est pas énorme. et puis : - je te suis.

et la salle blanche, vide, te donne presque le vertige. c'est toujours comme ça, le trop de blanc t'angoisse presque. alors tu es ravi de pouvoir remplir ça de ce que tu aimes tant, et pour elle aussi.
égoïstement, encore, ça te fait plaisir d'avoir accepté pour elle. égoïstement, tu ne penses pas à l'alliance qu'elle portait à votre première rencontre. dans ces quelques secondes où elle parle et que tu la suis, tu ne t'attardes plus sur les surfaces encore à néant, et tes yeux ne la quittent.
tu la préfères passionnée, comme à cet instant précis, tu préfères voir les étoiles dans ses yeux plutôt que dans le ciel. alors quand elle te demande ton avis, tu n'as pas pu caché les sourires apaisés déjà présents qui viennent étirer tes lèvres.

- c'est parfait oui. ça te convient. - je voyais bien la sculpture au centre, en guise de bienvenue. et c'est une bonne idée les pâtisseries.

tu assures avec le sourire, en vérité tu ne sais même pas si tu pouvais avoir le coeur à contrer ses idées.