le chemin du seven eleven est tout trouvé, et doah se dit qu'elle devrait certainement arrêter de toujours faire ses courses dans ses supérettes, et aller se ravitailler dans un vrai supermarché. les rayons éclairés au néon rendent les pepero bien plus attrayants qu'ils ne devraient l'être, et les bouteilles de bière semblent trop rafraichissantes. les mains pleines, elle se retrouve à la caisse, prête à donner jusqu'à son dernier centime pour ses courses de misère - mais elle ne croit pas si bien penser.

Chemin vers la maison, il est tard. Elle est fatiguée, mais elle a envie de perdre son temps ailleurs, c'est paradoxale. Elle ne souhaite pas être seule chez elle, à attendre qu'Insoo rentre du travail en bouquinant. Ils vont encore se prendre la tête à propos d'un sujet totalement aléatoire, elle en est persuadé : elle a encore les yeux rouges de ce matin. Alors elle se repose un peu, faisant quelques courses. C'est mieux, de cette façon, l'excuse du frigo vide ne trouvera pas sa place entre les lèvres de son mari. Elle aime - ils s'aiment, mais ainsi est le quotidien de sa terrible vie, entre sourire et larmes, rire et hurlement. Alors elle arrive à la caisse, les mains chargés, à attendre derrière une femme plus jeune qu'elle, peinant à faire fortune au milieu de ses pièces. « Combien est-ce qu'il vous manque ? » demande-t-elle muni de son plus beau sourire. Toujours généreuse.

elle est visiblement gênée, doah. de prendre autant de temps, de ne pas avoir assez. elle se demande si elle devrait demander à retirer un article de ses achats, au moins pour avoir suffisamment de pièces à donner, mais la peur la frigorifie. alors elle compte, inlassablement, ses petites pièces. cherchant au fond de ses poches, un sourire pincé comme pour s'excuser auprès de la caissière qui ne semble pas en avoir grand chose à faire. et puis, elle entend derrière elle quelqu'un lui proposer de l'aide - elle en pleurerait presque, doah. la journée commençait à se faire longue, et le simple acte de gentillesse lui donnerait envie d'exploser en larmes. « quatre ... quatre-vingt-cinq centimes. » répond-elle, honteuse.

On l’a élevé dans le partage, Dalnim. Alors c’est presque de façon naturelle qu’elle propose son aide à la femme. Son visage ne lui semble pas inconnu, mais elle est incapable de connaître d’où elles peuvent s’être rencontrés auparavant, supposant ainsi qu’elles vivent dans le même coin puisqu’elles font les courses au même endroit. Elle cherche dans son portefeuille et lui tend les pièces manquantes. « Ce n’est vraiment pas grand chose, ne vous tracassez pas à ce propos. » murmure-t-elle de sa douce voix.

« merci beaucoup, c'est très gentil. » murmure-t-elle comme toute réponse, alors qu'elle tend les pièces à l'étudiante qui tient la caisse. elle les accepte rapidement, et lui tend son ticket. mais doah ne sort pas, après avoir récupéré son sac de course. elle attend, pas très loin, que la femme ait fini. sautillant d'un pied à l'autre, comme pour se donner un peu de courage, elle relève la tête pour la voir sur le point de sortir. « excusez-moi! » l'interpelle-t-elle. « est-ce que vous voudriez ... boire une bière avec moi ? » demande-t-elle en soulevant son sac, qui laisse deviner en transparence les cannettes.

Elle est surprise de comprendre qu’on l’attend, alors qu’elle paie ses courses et recharge ses sacs une fois enregistré dans la caisse. Sourire aux lèvres, elle s’approche de la femme et l’écoute sans grand mal. Elle est adorable - - réflexion immédiate dans la tête de Dalnim alors qu’elle lui propose une cannette alcoolisée. Une si gentille demande, ça ne se refuse pas. « Seulement si nous nous tutoyons, parce que je ne bois qu’avec mes amis. » Clin d'œil qui se souhaite rassurant, elle accepte la proposition de la femme et sort du magasin avec elle, s’installant à l’une des tables qui jonchent l’endroit. « Jung Dalnim, et toi, comment est-ce que tu t’appelles ? » demande-t-elle poliment en ouvrant sa bière.

rassurée de l'entendre acquiescer, doah se détend un peu. « d'accord ... alors je retente : tu veux boire avec moi ? » et elle pointe du regard une des tables disposée devant la supérette. en un battement de cils, elles sont assises, les bières disposées devant elles, et les présentations se font. « jung dalnim ... » doah répète le nom qu'elle trouve bizarrement familier. « moi c'est doah. no doah. si tu veux, je possède un café, pas très loin. tu pourrais venir, je t'offrirais une tasse. » propose-t-elle en ouvrant une cannette, essayant d'impliquer qu'elle la rembourserait de la sorte.

Soirée plus chaleureuse qu’escompté, c’est canette à la main et sourire aux lèvres qu’elle fait connaissance avec une jeune femme lui semblant aussi ravissante d’un point de vue apparent que caractériellement. Présentation faite, elle écarquille légèrement les yeux alors qu’elle s’annonce propriétaire d’un café dans le coin. Elle repose la canette et regarde la rue qui se dresse devant elles. « Je me disais bien que ton visage me disait quelque chose ! » avoue-t-elle en claquant sa langue contre son palais. « Cafe ㅊA, n’est-ce pas ? On est voisines de boutique. Je gère la librairie galerie d’art dans la même rue. » C’est étonnant ce que le monde est petit.

elle se complait dans cette pause inattendue, l'horizon d'une soirée seule se dissipant seconde après seconde. « c'est donc toi ! cela fait un petit moment que je me dis que je devrais passer te voir pour me présenter, mais je n'ai que rarement le temps ... maintenant que je le sais je passerais de temps en temps t'apporter des gâteaux ! » propose-t-elle, heureuse d'enfin connaître sa voisine. elle aurait bien besoin d'amis dans le coin, doah, et la présence de dalnim est déjà rassurante.

Les joues s’empourprent immédiatement à la proposition - - pas des rougeurs liées aux sentiments amoureux, seulement ceux digne des belles aventures, ô les amitiés douces et précieuses qui s’inventent dans son esprit autant qu’elle s’imagine en vivre en chacun des livres passionnants de sa librairie. Sourire chaleureux accrochée aux lèvres, elle cogne les cannettes et signe sans surprise le début de leurs rencontres évidentes. « Oh vraiment ? Dans ce cas laisse-moi te faire cadeau d’une œuvre. Je trouverai la plus belle et tu pourras la mettre dans ta boutique, qu’en penses-tu ? » propose-t-elle amicalement sans faire demande du reste.