l'inquiétude disparaît et c'est à nouveau un sourire qui gracie son visage. les traits adoucis, elle se laisse boire quelques gorgées de bière, « d'accord, alors » finit-elle par accepter après avoir réfléchit quelques instants. et doah se dit que c'est probablement le début d'une jolie amitié, d'une sororité plus profonde qu'elle ne l'aurait pensé en rentrant dans l'épicerie. « tu devrais te lancer, je crois en toi. je sais qu'on vient juste de se rencontrer ... mais l'art c'est une vocation. et c'est un joli projet que tu as là. » elle tente d'expliquer à la commerçante qu'elle-même devrait suivre ses rêves. « c'est juste moi aux fourneaux, mais j'ai deux employés qui m'aident lors des services ! »

C’est un soulagement d’entendre son accord. D’un sourire chaleureux, elle entreprend de boire une gorgée de sa bière. La boisson rafraîchit autant que cette nuit hivernale, mais sa poitrine est comblée devant cette amitié chaude et réconfortante. Un rire s’échappe d’ailleurs de ses lèvres lorsqu’on lui offre quelques notes d’encouragements - - elle en a besoin, elle qui n’ose pas. « J’attends le bon moment. Ma vie en ce moment… Est particulière, disons. » Elle hausse les épaules, muette d’explications alors qu’elle se prend d’intérêt en la délicieuse passion de la femme. « Ces gourmandises doivent être fabuleuses ! Je n’ai jamais pris le temps, mais je viendrai en prendre quelques-unes. » Elle se frotte les mains avec innocence. Si elle n’avait pas mangé quelque carrés de chocolat un peu plus tôt, son ventre gargouillerait à l’heure qu’il est. « Elles doivent être colorées, tu ressembles à un petit bonbon. » souffle-t-elle timidement, loin derrière elle l’envie de lui faire du mal en le disant. À ses yeux, c'est un si beau compliment.

un regard inquiet est lancé à la jeune femme devant elle. qu'est-ce qui pourrait la tracasser autant ? il ne semblerait pas que ce soit l'argent, la tenue qu'elle porte doit lui coûter plus cher que son loyer annuel ... alors l'amour ? doah compatit silencieusement, se faisant la promesse de lui venir en aide comme elle le pourrait - notamment avec ses pâtisseries, qui guérissent souvent les coeurs brisés des passants. « ce sera avec plaisir ... je suis contente que tu prennes un intérêt à ce que je fais. souvent, on me dit que je suis devenue pâtissière uniquement parce que je suis débile. c'est pas entièrement faux, mais c'est blessant, tu sais ? j'ai d'autres qualités ... enfin, tout ça pour dire que la société regarde d'un mauvais oeil les gens comme moi. » serait-ce l'alcool qui délierait sa langue ? un sourire nostalgique semble figé sur son faciès, alors qu'elle se met à rire à plein poumons lorsque dalnim lui fait un drôle de compliment. « un bonbon ? »

Rayon de soleil au milieu d’une vie bien mouvementée qu’est la sienne ; elle savoure chaque gorgée de la boisson autant qu’elle déguste à bras ouverts les mots de la pâtissière. Simple moment de convivialité, mais déjà elle se sent capable de faire de belles escalades en montagne avec elle - c’est étrange, bien qu’évident parce que Dalnim à toujours eu le contact facile et les sourires sincères accrochés au visage. Mais parfois les amitiés s’échappent bien vite et elle a le sentiment que ça faisait une éternité qu’elle n’avait pas eu une discussion ô si belle et douce avec quelqu’un. « En fait, je trouve que la pâtisserie est un art. C’est vrai, les gâteaux ont toujours de belles formes, et il faut du temps et beaucoup de passion, comme lorsqu’on écrit un livre ou peint un tableau. Alors je ne pense pas que faire cet emploi fait de toi quelqu’un de débile, au contraire, ce n’est pas donné à tout le monde d’être capable de faire de telles reproductions, qui plus est gourmandes. » répond-elle d’une sincérité déconcertante. Avant de prendre une gorgée, elle reprend : « Cette société aime consommer mais personne ne récompense les gens à l’origine de ce travail alors, je vais te le dire : merci. » Et elle cogne à nouveau les canettes l’une contre l’autre comme pour encrer ses mots à travers ce geste.

« merci beaucoup ... c'est la première fois qu'on me le dit. » trop l'habitude d'être traitée comme une moins que rien lorsqu'elle annonce son métier. lorsqu'elle avoue être autodidacte et ne pas avoir survécu à un semestre d'université. on lui dit qu'elle est faible et débile, que l'université aurait pu lui apprendre la vie. ils sont tous loin de la réalité, ces gens là, ils ne savent pas ce qu'est la vie d'un patissier. doah, elle, elle est simplement contente de pouvoir vivre de sa passion, alors elle sourit, un peu plus grisée par la boisson. « merci à toi. tu es une personne positive et lumineuse, tu sais ? » elle ne la connait même pas, mais doah est une bonne juge de caractère, elle s'est découvert ces capacités presque psychiques depuis qu'elle a ouvert son café, et elle saurait presque déjà quoi lui faire pour lui remonter le moral.

Sourire aux lèvres, elle rigole devant le compliment qu’elles s’offrent l’une et l’autre. Des conversations douces et simples, ça faisait bien longtemps que Dalnim n’en avait pas eu, et elle se trouve chanceuse d’être tombée sur Doah en cette soirée. C’est paisible. « Tu n’es pas différente des artistes que je met en avant lorsque je fais des expositions dans ma galerie. Ta boutique ressemble à la mienne en quelque sorte. Tu met en vitrine tes dernières créations, qu’elles soient voués à disparaître dans nos ventres ou non, c’est toujours la joie qui est visible au visage des amateurs de gourmandises ou d'œuvre plus littéraire, tu ne trouves pas ? » Ça lui donne une idée, l’alcool lui donne du courage. « En fait, je crois qu’il faut qu’on trinque à nos métiers ! » Elle tend à nouveau sa canette et sans attendre, elle la cogne contre celle de sa nouvelle amie. « Il faudra qu’on parle affaire toi et moi. Je crois qu’on a de grandes choses à faire ! »

« c'est vraiment gentil, dalnim. je ne sais vraiment pas comment te dire que je suis très reconnaissante pour tes mots. cela faisait bien longtemps que l'on ne m'avait pas dit quelque chose de gentil à propos de mon métier. » malgré quelques compliments du style j'adore ce gâteau ou des remarques sur sa manière de faire le café, doah n'avait que peu de retours sur son labeur. malgré les heures à suer derrière les fourneaux, son énergie inlassable devant le percolateur, elle peinait à trouver quelques points mélioratifs à son travail. le sourire plaqué sur son visage, elle trinque avec dalnim avant de reprendre quelques gorgées. et puis, elle acquièsce, promettant à sa nouvelle amie de parler business avec elle dans les jours qui suivent.