Perdu dans sa contemplation, Sarang eut un léger sursaut en s’apercevant que Ren était soudainement tout près de lui. À la petite moquerie de son cadet, il sourit lui aussi.

« Oui, ben, c’est très mal indiqué. » Dit-il avec un léger rire, il se laissa attraper par le menton, et détailla son camarade autant que lui. « J’ai dormi comme un bébé. »

Aussitôt après, Ren l’entraîna à l’intérieur. Sarang récupéra bientôt ses quelques affaires, et se retrouva devant une table débordante de nourriture qu’il sembla oublier dès qu’il vit les autres invités. Avec un « Oooooh ! » il se rapprocha des chats et tenta de les gratter derrière les oreilles les uns après les autres. Deux des plus amicaux d’entre eux se retrouvèrent rapidement sur ses genoux, et il leur émietta un morceau de poisson pour leur en donner à tous.

« Elle les connaît tous ? » fit Sarang avec dans la voix le vain espoir que l’un d’eux puisse passer sous le radar, il termina quand même par un haussement d’épaules. « De toute façon, ils sont bien mieux ici que chez moi. » Puis il se mit à chuchoter, comme s’il parlait uniquement aux animaux. « Toi, t’as une tête à t’appeler Otis, toi Ramsès, Irvin, Chichi, Loola… »

Il s’arrêta subitement pour écouter Ren l’éclairer sur le comportement qu’il pouvait avoir par moment. Ça faisait écho à ce qu’il lui avait dit la veille. À ce moment-là, il avait trouvé étrange que son camarade ne réponde rien, mais s’était juste dit qu’il avait mis les pieds dans le plat, comme souvent. Il était beaucoup trop direct pour son propre bien et celui des gens qui l’entouraient.

Les révélations de Ren lui firent hausser les sourcils. Sarang avait grandi accompagné de psychiatres, neurologues, spécialistes divers, centres pédiatriques, hôpitaux de jour et autres. Contrairement à beaucoup, ce n’était pas un trouble mental qui allait l’effaroucher. Il avait l’impression que c’était un peu ce que le mannequin avait tenté de faire, sa façon d’insister sur le mot instable en particulier. Peut-être que pour d’autres, voire pour Ren lui-même, ce mot évoquait directement la folie ou même le danger, mais Sarang pensa plutôt au trouble borderline. Il se demanda si ce qu’il avait pris pour un jeu de la part de Ren était quelque chose qu’il subissait autant qu’il le faisait subir. En tout cas, il trouvait la façon de parler de son camarade un peu trop radicale.

Il voulut réagir, mais n’était pas sûr de trouver les bons mots, en plus d’avoir une grosse portion de riz dans la bouche qui ne lui permettait pas d’articuler quoi que ce soit d’intelligible. Ren ne lui laissa pas le temps de répondre et partit assez vite. En se demandant ce qu’il avait prévu pour qu’il ait tant besoin d’énergie, Sarang fit un sourire à la serveuse qui se tenait dans un coin en essayant visiblement de prendre le moins de place possible.

« Vous pouvez en prendre un peu, je le dirais pas. »

Mais elle refusa poliment, tant pis. Contrairement à l’habitude, Sarang délaissa son café matinal pour un thé qui sentait beaucoup trop bon. Il mangea copieusement, en plus de bien nourrir les chats, et dû se faire violence pour ne pas emmener Chichi avec lui en revenant à la chambre. Ren jouait du piano, et il se fit aussi petit que s’il venait d’entrer dans un temple. Il vint s’asseoir au bout du lit et resta silencieux jusqu’à la dernière note. Après quoi il tapa dans les mains.

« C’était incroyable ! »

Sarang adorait entendre les instruments de musique joués en vrai. Ce n’était pas du tout comme avec un haut-parleur. Il avait l’impression que le son résonnait dans tout son corps, et ça lui avait mis une petite larme au coin de l’œil. Mais ce n’était pas suffisant pour qu’il taise tout ce que lui avait évoqué la révélation de tout à l’heure. Il aurait aimé pourtant, rester dans ce moment de félicité. Il rejoignit donc Ren, et s’appuya sur le piano en se demandant s’il avait le droit de s’appuyer sur le piano. Manquerait plus qu’il le pète, tiens.

« On a tous une part d’ombre, tu sais. Et ça évolue, les troubles mentaux. Je sais que ça va te paraître horriblement bateau, mais t’es super jeune. Je dis pas ça façon t’as la vie devant toi comme un vieux gland. C’est pas une question de temps pour moi, mais de possibilités. Il peut se passer des milliers de choses à chaque instant dans une vie. Ça peut être une rencontre, ou juste un déclic, et ça peut tout changer alors que juste avant on n’y aurait jamais cru. »

C’était capital pour lui d’éclaircir ce point-là, parce que si ses parents adoptifs avaient écouté les spécialistes disant qu’il aurait besoin d’être accompagné toute sa vie, qu’il fallait le mettre dans un centre et que ce serait déjà beau s’il arrivait à s’occuper tout seul de ses besoins les plus basiques, il n’en serait pas là. Ça avait été un combat, il ne leur avait certainement pas facilité la tâche, mais les résultats étaient là. Alors, le défaitisme, c’est dans la corbeille. Bon, après un instant, il réalisa qu’il s’était peut-être un peu emballé. Il ne connaissait pas la vie de Ren et n’était pas sûr qu’il soit vraiment disposé à entendre ce genre de choses pour le moment. Avec un sourire d’excuse, il ajouta.

« J’ai encore trop parlé, hein ? Moi, j’ai un SAF, syndrome d’alcoolisation fœtale. Ça pose tout plein de problèmes, ce serait long à lister, mais si tu me trouves un peu bizarre par moment, c’est normal. » Son sourire d’excuse s’étira un peu plus. « Un peu trop franc, par exemple. »

Il s’éloigna du piano, mais lâcha quand même à demi-voix.

« Pour ma défense, se serait quand même vachement plus simple si tout le monde était franc. Tu veux rester un peu seul ? » L’air de rien, Sarang avait remarqué que Ren avait préféré partir pour jouer du piano dans son coin. Il ne pouvait pas l’ignorer maintenant qu’il en savait un peu plus sur lui. « Je peux retourner avec les chats un moment si t’as besoin de souffler. »

« Je suis trop bizarre ? »

Loin de s’offusquer, Sarang eut un rire léger. Personne ne lui avait jamais dit en face qu’il était étrange, ce n’était pas dans les conventions. Mais on le lui faisait sentir, par des regards, une attitude, il le voyait très bien. La franchise de Ren était quand même bien mieux, au moins là c’était clair, pas d’interprétation à faire ni de doute possible. Quand il ajouta que c’était peut-être mieux d’être bizarre, il haussa les épaules.

« Ça dépend des situations, mais pour trier les gens, ça aide. Ils montrent plus vite leur vrai visage quand ils se sentent meilleurs que toi. »

Ren l’entraîna ensuite dans son dressing, et lui défit sa chemise. Il avait l’air de bien aimer faire ça. Sarang se regarda lui aussi dans le miroir le plus proche, les bleus et les marques s’amélioraient peu à peu. Bientôt ça ne sera plus qu’un lointain souvenir. C’est sur cette bonne nouvelle que son cadet lui demanda de garder sa franchise avec lui.

« Fais de même avec moi, alors. »

Sarang s’immobilisa en recevant une petite bise au coin de la bouche. Il regarda Ren partir en effleurant ses lèvres du bout du pouce. Au fond de lui, une petite question commençait à le titiller. Qu’est-ce qu’ils étaient au juste ? Ren avait dit qu’il ne pouvait pas et ne voulait pas l’aimer, lui n’avait jamais été amoureux. Il lui avait dit aussi qu’il ne pouvait pas être un bon copain, et c’était vrai qu’il n’avait pas l’impression d’être son ami, ils n’étaient pas assez proches. Ils avaient beau travailler parfois ensemble, on ne pouvait pas parler de collègues de travail. Ils n’étaient pas un couple, ils avaient eu bien trop de coups pour n’être qu’un coup d’un soir, ils n’évoluaient pas dans les mêmes sphères du tout. Le truc des âmes qui se croisent, ça allait tant que leurs rencontres étaient hasardeuses, mais il n’y avait plus de hasard maintenant. Pensif, il se regarda dans la glace un moment, puis se mit à se chercher quelque chose.

Il ressortit assez vite avec un jean dont il avait roulé plusieurs fois l’ourlet du bas, un t-shirt coloré et une veste légère. Il retourna au rez-de-chaussée, et erra quelques minutes avant de recroiser la serveuse qu’il avait vue au petit-déjeuner.

« Pssst ! Madame… moiselle, vous n’auriez pas vu passer Ren ? »

Grâce à cette aide précieuse, il rejoignit l’entrée sans trop de mal. Il était plutôt content de lui, et quand Ren lui demanda s’il s’était perdu, et lui parla de petits pois, il prit son air le plus mystérieux.

« J’ai mes informateurs, moi aussi. »

C’était la classe de pouvoir dire ça. Sarang trouva ses chaussures dans l’entrée et suivit ensuite Ren dans le jardin. À nouveau il se mit à observer les plantes, les oiseaux, même les lézards qui commençaient à sortir pour se chauffer au soleil. Il serait sans doute resté silencieux si son cadet ne l’avait pas interrogé sur ses problèmes. En vrai, il n’aimait pas beaucoup parler de ça, mais il était naturel que Ren se pose des questions après ce qu’il lui avait dit.

« D’accord, heu… Déjà, le plus évident, un retard de croissance et donc une petite taille. » Dit-il avec une légère grimace. « Hyperactivité, c’est pour ça le traitement, ça me calme et ça me permet d’être plus concentré le jour et de mieux dormir la nuit. Hmm… si je suis bizarre, c’est aussi parce que je ne vois pas les limites à ne pas franchir dans une relation, je suis trop amical, trop affectueux… »

Il fit une pause pour regarder le jardin, ils marchaient depuis un petit moment mais Sarang était loin d’en voir le bout. Au détour d’un chemin, il se pencha pour ramasser une jonquille, et reprit, en la faisant tourner entre ses doigts.

« Je parle beaucoup, mais c’est toi qui as demandé ! Donc, en général avec le SAF, y’a aussi un retard… mental, mais sur ce point, je suis différent. J’ai une très bonne mémoire, même comparée à une personne normale, ça a compensé sur beaucoup de choses. Sans ça, je serais vraiment handicapé, parce que ça m’aurait empêché d’apprendre. Je le sais, j’ai vu d’autres personnes avec un SAF. Des fois, c’est tellement triste. Par contre, y’a un truc qui va pas du tout chez moi, ça s’appelle la pensée abstraite. Ça touche tout ce qui est numérique et temporel, les concepts, le fait de se projeter, de savoir s’organiser. C’est l’enfer, tout ça. C’est ce qui me rend trop direct, qui fait que peut pas vraiment mentir. Techniquement, je peux, mais il me faut du temps pour construire une histoire qui tienne la route. Dans une conversation normale, ça va trop vite. »

Un bâtiment se dessina entre la verdure, Sarang se demanda si c’était un haras, ou s’il servait à autre chose. Il attrapa Ren par la main et ralenti un peu.

« Ça va, pas trop noyé ? Je t’ai demandé d’être franc, n’oublie pas. »

Il le regarda avec un mince sourire, puis vint glisser la jonquille dans la boucle que Ren avait faite pour s’attacher les cheveux avec un ruban. La fleur tenait bien, et ressortait joliment au milieu de ses cheveux dorés. Sarang ne s’arrêta pas là et s’approcha encore jusqu’à déposer ses lèvres sur les siennes pour quémander un vrai baiser. Peut-être pour s’excuser d’avoir pris tant de place dans la conversation, peut-être parce qu’il en avait juste envie. Un peu des deux, sans doute. Une fois fini, il effleura la joue de Ren et prit les devants, marchant vers le bâtiment.

« Allez, le prince, on accélère ! Je veux voir des licornes ! »

« Je t’aime bien, mais je ne te connais pas assez. » Pensif, Sarang se fit la réflexion que même s’ils s’étaient vu un certain nombre de fois, ils commençaient tout juste à avoir de vraies conversations. Il faut dire que leurs bouches avaient souvent été occupées à tout autre chose, avant. « Y’a vraiment tant de monde que ça qui tombent amoureux de toi ? Ça doit être fatiguant. »

Même s’il n’était pas encore si célèbre que ça, Sarang avait déjà du mal à gérer les élans d’affection de ses fans. Ils ne comprenait même pas comment on pouvait lui envoyer des messages enflammés en ne connaissant de lui que ce qui circulait dans les médias. Que ce soit pour Ren ou n’importe qui d’autre, Sarang avait besoin de connaître les gens pour développer de l’affection à leur égard. Comment certains pouvaient-ils se contenter d’un joli minois ?

Trop pressé à l’idée de voir les chevaux, il prit les devants, distançant quelque peu Ren. Quand celui-ci lui demanda de ralentir, il tourna la tête en arrière.

« Quoi ? »

Ce moment d’inattention fut suffisant pour qu’il se prenne le pied sur la bordure du chemin et bascule, disparaissant dans un épais buisson de bruyère. La plante était si dense qu’il ne toucha même pas le sol, sa chute complètement amortie par les branchages qui s’entrecroisaient dans tous les sens. Presque aussitôt, il bondit hors du buisson, un grand sourire aux lèvres et des fleurs dans les cheveux.

« Ça va, j’ai rien ! » Il regarda ses vêtements pour s’assurer qu’il n’avait pas fait de trou. « Je sais que c’est tentant, mais pas besoin de m’enlever mon t-shirt. »

Sarang eut un sourire taquin après cette petite blague sur le côté docteur zélé de Ren, puis se remit en route, en marchant cette fois. Il continuait à se peigner avec les doigts quand ils arrivèrent finalement au haras. Contrairement à ce qu’il avait fais avec les chats, le danseur n’alla pas au-devant des animaux pour les caresser. En fait il se cacha à demi derrière Ren, même s’il les regardait avec intérêt.

« C’est grand en fait, un cheval. » Il jeta un bref coup d’œil à Ren, certain qu’il allait trouver une petite moquerie à lancer. « J’ai jamais fait d’équitation. »

Ils s’arrêtèrent finalement près de l’un d’eux. À cause de la mise en garde de Ren, Sarang préféra le caresser dans le cou, sous sa crinière.

« Je suis toujours sage ! » Retorqua-t-il en tirant la langue à Ren.

Après avoir donner à manger au cheval, Sarang était un peu plus assuré et se mit à lui caresser le chanfrein et les joues.

« Non môssieur j’ai pas besoin d’un poney. Toi, tu devrais prendre un âne, tiens. »

Il aurait l’air malin comme ça. Pendant ce temps, le cheval secoua vivement la tête en soufflant fort de l’air par les naseaux, et Sarang se retrouva magiquement planqué derrière Ren à nouveau. Il attendit que l’animal eût fini pour revenir le caresser.

« Il est enrhumé ? On fait quoi si on part pas en balade maintenant ? On le brosse ? On change la paille ? » Il regarda Ren et remarqua qu’il zyeutait encore un jeune homme plus loin occupé avec un cheval. « Un ami à toi ? »

Sarang comprit tout de suite que Ren n’avait pas envie de parler de l’autre garçon, toujours occupé avec son cheval et qui semblait les ignorer. C’était un employé, mais il était évident qu’il s’était passé quelque chose entre eux. Une histoire qui ne le concernait pas, aussi il n’insista pas et reporta son attention sur le cheval. Ren lui avait donné carte blanche, c’était bien gentil, mais il ne s’y connaissait pas assez pour avoir beaucoup d’idées à ce niveau-là. De toute façon, son cadet lança vite une proposition qui avait tout d’un défi : monter sur la bête.

« Roi des ânes ? » Ce fut au tour de Sarang d’éclater de rire. « Tu t’es trouvé un chouette surnom. J’aime bien ! »

Sans même qu’il ait dis ou fais quoi que ce soit, son cadet apporta l’équipement du cheval, et tout en l’installant, il se mit à parler d’être mignon, de tête à tête et même de rendez-vous. On aurait dit qu’il s’apprêtait à partir faire une sortie romantique avec l’étalon. Au sous-entendu sexuel, Sarang secoua la tête, ce qui ne l’empêcha pas de participer bien gentiment au baiser de son camarade.

« Sois pas jaloux comme ça, c’est pas parce que j’en monte un autre que je t’oublie, tu sais. » Toujours amusé, il tapota gentiment le cheval. « Comment il s’appelle, d’ailleurs ? »

En tout cas, l’heure de vérité avait sonné, il était temps de grimper sur la bestiole. Après toutes ces taquineries, Sarang était bien décidé à montrer qu’il en avait dans le ventre. Il se chercha un endroit où il pouvait se cramponner à la selle, puis fit un quasi grand écart pour mettre son pied dans l’étrier. C’était vachement haut, heureusement qu’il était souple. Il prit ensuite une impulsion et parvint à se hisser sur le dos de l’animal. Une fois assis, il eut un sourire victorieux. C’était moins dur que ce qu’il avait imaginé.

« Alors, qu’est-ce qu’il en pense, le roi des ânes ? »

Son sourire se réduisit légèrement quand le cheval se mit à bouger. Ils n’avaient pas refermé le box et l’animal, sans doute habitué à sortir après avoir été sellé, poussa la porte entrouverte et s’en alla. C’était un peu bizarre, ça bougeait de gauche à droite et d’avant en arrière. Agrippé à la selle, Sarang jeta un regard vaguement inquiet à Ren.

« Je contrôle rien, c’est normal ? »

Heureusement, le cheval ne semblait pas tenté de partir loin ou de faire la moindre acrobatie, il se contenta de marcher tranquillement jusqu’au jardin, où il se mit à brouter les plus grosses touffes d’herbes. Le jeune homme parut tout de suite soulagé.

« Ça va, il avait juste faim. » Il regarda Ren et lâcha sans vraiment y penser. « T’es beau vu d’en haut. » La phrase fit son petit chemin dans sa tête, et une fois qu’il l’eut vraiment réalisé, il lâcha la selle et leva les bras en regarda le jardin en lançant. « T’as vu ? Je suis super grand ! »

Le cheval remua sous lui, et Sarang se rattrapa à la selle alors qu’il se remettait à marcher. Il regarda le chemin qu’il avait l’air de vouloir emprunter.

« Bon bah c’est reparti, on dirait. Mon tête-à-tête commence, adieu, Ren. » Il caressa le cou du cheval qui continua sans y prêter attention. « Non, je déconne, t’en va pas ! »

Trouver son équilibre n’était finalement pas très compliqué une fois habitué aux mouvements du cheval. Sarang eut la brillante idée d’attraper les reines, et même de tirer d’un côté ou de l’autre pour diriger le cheval, mais il avait peur de lui faire mal en même temps, et ça ne marchait donc qu’à moitié. Après être parti d’un côté et avoir fait demi-tour, le cheval remarqua l’employé toujours occupé. Apparemment, il était en pleine séance de dressage, et pour les récompenses, il avait avec lui des morceaux de pain. Sarang le remarqua, et sa monture aussi. Le cheval partit au trot jusqu’au jeune homme, avec le danseur de nouveau cramponné à la selle, il ne s’arrêta que lorsqu’il put coller son museau sur les mains de l’inconnu pour quémander du pain.

« Heu… Bonjour. » Dit Sarang en se penchant un peu sur le côté pour voir l’employé.

Il avait le cœur qui battait vite, la course lui avait eu un peu peur, mais il avait aimé la sensation de vitesse en même temps. Il enleva ses pieds des étriers et se laissa glisser jusqu’au sol, puis il prit son cheval par les rênes et essaya de le tirer pour l’éloigner, ce qui n’était pas évident parce qu’il tirait de l’autre côté à la recherche de pain.

« Allez, sois un gentil cheval et laisse le monsieur travailler. » Fit Sarang en tirant de plus belle.